Maraichage résilient au Bénin : La révolution au nord grâce à un financement de l’Union européenne

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Soucieux de rendre autonomes les communes, le gouvernement du Bénin à travers son programme d’action a mis en place avec l’appui de l’Union européenne depuis 2018, le « Programme d’appui au développement territorial » (Padt) conduit sous le 11ème Fond européen de développement (Fed). Le volet concernant les communes a impacté 35 collectivités locales qui ont présenté des projets innovants dans plusieurs domaines d’activité, pouvant impacter leur économie et le niveau de vie des populations. Parmi elles, figurent les communes de l’intercommunalité Apida qui a développé une noble stratégie de résilience des cultures maraichères aux effets des changements climatiques. Gogounou et Ségbana, situées au Nord-Est du Bénin dans le département de l’Alibori à plus de 500km de Cotonou, sont les communes qui ont retenu notre attention, grâce à leur projet basé sur le développement des cultures maraichères résilientes.
Par Sylvain Bahountchi

Dans ces communes, depuis 2019, grâce aux différents projets financés par l’Union européenne (Ue), tout un arsenal, a été mis en place pour véritablement venir à bout du manque de produits maraichers pendant les saisons sèches et les saisons pluvieuses débordantes. Quatre (04) ans après le lancement des activités du programme, le sourire revient sur le visage des différentes coopératives de femmes et jeunes des sites maraichers qui ont été renforcées sur différents projets communaux.
Ségbana est une commune qui s’étend sur une superficie de 4700 km² avec un climat de type nord-soudanien caractérisé par une saison de pluie allant de mai à octobre avec une pluviométrie qui varie entre 800 et 1200mm3/an et une saison sèche d’octobre à mai. Ces potentialités constituent des atouts pouvant contribuer au développement du maraichage résilient aux changements climatiques. Le projet de Ségbana financé par l’Ue, intitulé ‘‘Projet d’appui au développement du maraichage résilient aux changements climatiques et d’amélioration des revenus des exploitants dans la commune de Ségbana’’ (PADCMaRCARE), vise à améliorer les revenus des exploitants maraichers de la commune à travers l’accroissement de la production maraichère. De façon spécifique, ce projet vise l’aménagement de huit (08) sites de maraichage, la mise en place des infrastructures, des équipements et des intrants de soutien à la production maraichère, et enfin le renforcement de capacités de 150 exploitants maraichers. Pour atteindre le but visé, ce projet d’une durée de 26 mois, a nécessité plusieurs activités d’un montant total de quatre-vingt-seize millions neuf-cent-quinze mille neuf-cent-cinq (96 915 905) francs Cfa. Pour parvenir à la concrétisation de ce projet, la mairie de Ségbana maitre d’ouvrage du projet, a bénéficié d’une subvention de l’Union européenne sur le Programme d’appui au développement territorial (Padt) d’un montant de quatre-vingt-sept millions deux cent vingt-quatre mille trois cent quatorze (87 224 314) francs Cfa.
Dans cette commune, le maraichage fait partie des activités phares à grands revenus exercées par les femmes réunies en coopérative de 25 à 30 membres. Selon le coordonnateur du projet Orou Gani Sakibou, c’est depuis 2018 que l’effet néfaste des changements climatiques a commencé à se faire ressentir sur la qualité et la quantité des différents produits maraichers des coopératives, ce qui entraine la cessation de toute activité sur les sites de maraichage. La cause du problème, précise-t-il, est principalement liée au manque d’eau pour l’irrigation des cultures. La terre devient de plus en plus dure pour raison de prolongation inattendue de la saison sèche. En saison pluvieuse, certains sites sont inondés. Les femmes sont ainsi confrontées à une diminution de leur revenu et donc une dégradation de leur niveau de vie et donc de leur famille.
Début 2020, année de démarrage effectif du projet, plusieurs activités programmées pour corriger le tir ont démarré. Une étude environnementale et sociale a été effectuée au niveau des huit (08) sites sélectionnés, des outils (brouettes, pioches, arrosoirs, coupe-coupe, paniers, pesons, kits, bottes, gants, houes maraichères, tourniquets, des motos pour le ralliement des sites), des intrants et d’autres équipements ont été mis à la disposition de chaque coopérative appuyée techniquement par des jeunes diplômés des lycées agricoles recrutés sur le projet et enfin l’outil salvateur, un système de pompage d’eau et d’irrigation aisée des cultures est prévu.
Dix-huit (18) mois après l’ébauche des activités du projet, le constat sur les sites est épatant. Un système d’irrigation moderne soutenu par un forage pouvant soulager les peines des exploitants maraichers, a été mis en place sur chacun des douze sites. A titre illustratif, sur le site de Korowi, un espace de deux (02) hectares, les cultures telles que le gombo, piment, concombre et l’aubergine africaine, sont disponibles en quantité pour la vente déjà au mois de mai où la sécheresse battait son plein au nord du Bénin. Même constat sur le site de l’arrondissement de Liboussou (un hectare) où l’espoir revient sur les visages angoissés autrefois par les conditions difficiles de pratique du maraichage, en l’occurrence la pratique de l’irrigation manuelle. Une des responsables de la coopérative a exprimé sa satisfaction quant à la bonne évolution des activités malgré la sécheresse. Pour elle, l’appui de l’Union européenne (Ue) vient à pic pour soulager des centaines de familles dans leurs responsabilités familiales.
Visiblement, Grace à ce nouveau système d’irrigation et aux différentes formations inculquées aux coopératives de femmes, l’irrigation est désormais réglementée selon le type de culture. Ce système est alimenté par un complexe photovoltaïque vu la forte température du milieu. « Fort de l’appui de l’Union européenne à travers le projet PADCMaRCARE, le manque accru d’eau est conjugué au passé. Les sites de maraichage ne sont plus déserts comme autrefois en saison sèche. Les coopératives sont de plus en plus suivies et galvanisées, grâce à l’arsenal mis en place pour avoir des cultures résilientes aux changements climatiques. Les besoins vitaux (éducation, santé, nutrition) des populations sont comblés », a salué Yasmine Yacoubou, animatrice de projet sur le site de Korowi et de Liboussou.
Des cultures de contre saison effectives à Sori

A 118km avant la commune de Ségbana, à l’Est du département de l’Alibori, c’est Gogounou, la commune aux grands bétails. Habitée majoritairement par les Peulhs et les Baatombu, cette collectivité est membre de l’Association pour la promotion de l’intercommunalité dans le département de l’Alibori (Apida) qui a aussi bénéficié de l’appui de l’Union européenne (Ue) pour la mise en œuvre de projet de développement de la filière maraichère. D’un montant de trois-cent deux millions sept-cent trois mille deux (302 703 002) francs Cfa, réparti aux cinq communes éligibles de l’intercommunalité, la subvention de l’Ue a servi à développer des cultures maraichères résilientes et donc une disponibilité des produits maraichers en toute saison dans la commune.
A Gogounou, le site de Sori, plus grand arrondissement de la commune, a été choisi par la mairie pour abriter les deux hectares de cultures maraichères prévues par le projet. Ce nouveau site aménagé et bien sécurisé, vient assouvir les peines d’une coopérative de femmes autrefois en souffrance sur un ancien site, non loin du nouveau, dont les cultures étaient chaque année, inondées en saison pluvieuse, en raison de sa proximité avec une rivière. Les autorités de la commune après étude de faisabilité du Projet d’appui au développement des cultures maraichères et renforcement de la résilience des exploitants maraîchers dans les communes de l’Alibori (Padcmca), ont décidé de soulager les peines des femmes de l’arrondissement de Sori et environ et penser au problème de chômage de jeunes diplômés des lycées agricoles. Ainsi, ce site de deux hectares entièrement entouré de grillage et surmonté d’une légère clôture, inspire désormais une sérénité à une trentaine de femmes de la coopérative et aux douze (12) jeunes diplômés recrutés. Cela règle, en effet, le problème lié à la divagation des bêtes, de même que l’inondation des cultures maraichères. Ce même fonds a servi à outiller les exploitants du site en matériels utiles au maraichage (brouettes, bottes, gants, houes, coupe-coupe, râteaux, arrosoirs).
En ce qui concerne l’irrigation des cultures, autrefois un casse-tête pour les exploitants, un dispositif de panneau solaire permettant de pomper l’eau pour quatre grands châteaux d’eau a été mis en place. Les deux hectares sont irrigués deux fois par jour, sans grand efforts des exploitants, selon la variété des cultures (oignon, pomme de terre, gombo, piment, concombre, salade). Grace à ce système de maitrise de l’eau et d’isolement de la coopérative de la zone inondable vers une autre plus sécurisée, les différentes variétés des produits maraichers sont disponibles en quantité pour couvrir la demande du marché. Madame Worou la trentaine, première responsable de la coopérative, se réjouit de l’innovation apportée par les partenaires et la mairie. Elle exulte du fait que chaque membre de la coopérative s’en sorte financièrement malgré le prolongement de la saison sèche. La mairie étant le maitre d’ouvrage du site, elle prélève les taxes sur les ventes afin de renflouer la caisse communale.

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