La Conférence internationale sur les conséquences du réchauffement climatique Cop 26 de Glasgow a connu son épilogue ce 13 novembre 2021. Après quinze (15) jours de négociation, les 200 pays ayant participé à cette rencontre ont adopté un accord pour accélérer la lutte contre le réchauffement de la planète, mais sans garantir de le contenir à 1,5°C, ni répondre aux demandes d’aide des pays pauvres malgré la promesse des 100 milliards de dollars dès 2020 envers les pays pauvres.
Malgré les conséquences déjà exponentielles du changement climatique, les sécheresses, les famines, les crues torrentielles ou les mégafeux qui sévissent partout dans le monde, la COP26 a accouché d’un accord extrêmement décevant. Adopté ce samedi 13 novembre, dans la soirée, le texte oublie les pays les plus vulnérables. Surtout, les engagements des États ne permettent pas du tout de contenir le réchauffement mondial des températures à 1,5 °C.
La COP26 compromet l’objectif de 1,5 °C
En ratifiant l’Accord de Paris en 2015, les États s’étaient engagés à contenir le réchauffement climatique « nettement en dessous des 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels ». Alok Sharma, président britannique de la COP26, répétait même l’envi que le sommet devait permettre de « garder en vie le 1,5 °C » et pousser les États du monde à accroître leurs engagements climatiques afin d’y parvenir.
Quelques progrès ont été obtenus. Dès le premier jour de négociation, une centaine de pays ont promis de réduire leurs émissions de méthane un puissant gaz à effet de serre de 30 % d’ici 2030. L’Inde a également annoncé qu’elle atteindrait l’objectif de zéro émissions nettes de carbone d’ici 2070.
L’embargo sur l’atteinte du 1.5 °C
Néanmoins, les engagements des pays pour « garder en vie le 1,5 °C » restent largement insuffisants. La Russie, l’Australie, le Mexique, le Brésil et l’Indonésie, qui avaient soumis des plans d’une ambition égale, voire inférieure à leurs précédents, transmis en 2015, n’ont par exemple pas daigné les améliorer. Le groupe de recherche Climate Action Tracker (CAT) a révélé, mardi 9 novembre, que même si les contributions nationales déterminées (CND) pour 2030 étaient véritablement tenues, le monde se dirigerait vers un réchauffement à + 2,4 °C d’ici la fin du siècle.
Pour aligner les ambitions à l’urgence, l’accord de Glasgow « encourage » toutes les parties à soumettre dès l’année prochaine de nouveaux plans en phase avec « les objectifs de températures de l’accord de Paris », ce qui laisse la porte ouverte à un objectif à 2 degrés.
Les pays vulnérables abandonnés
A cette COP26 de Glasgow, l’autre sujet crucial concernait les pays les plus vulnérables face aux effets du changement. Les pays du Sud et les ONG demandaient la création d’un mécanisme spécifique pour financer les « pertes et dommages », c’est-à-dire les dégâts irréversibles générés par des catastrophes climatiques soudaines ou les phénomènes à occurrence lente, comme la montée du niveau des mers ou la désertification des sols, qui ne peuvent être évités ni par des actions de réduction des émissions de gaz à effet de serre ni par l’adaptation.
Durant la COP26, malgré les efforts de l’Écosse, de la Wallonie et de l’Allemagne, cette demande a capoté à cause des États-Unis et de l’Union européenne (notamment la France) selon les informations obtenues du quotidien de l’écologie ‘‘Reporterre’’, historiquement responsables du changement climatique. Ils craignaient, en effet, que la reconnaissance des pertes et préjudices n’entraîne des poursuites judiciaires à leur égard.
A l’entame de la COP26, les pays vulnérables étaient déjà échaudés car les pays du Nord n’ont pas respecté leur promesse, faite il y a douze ans, de donner 100 milliards de dollars par an (86 milliards d’euros), dès 2020, pour les aider à faire face au changement climatique. Les pays vulnérables attendaient donc que les pays riches reconnaissent le non-respect de leur engagement, et s’engagent à payer.
Dans l’accord de Glasgow, 2023 est devenue une nouvelle échéance pour cette promesse. « Le texte de décision de la COP se contente de regretter ce retard mais n‘incite pas pour autant les États à combler l’écart pour chaque année passée », explique Fanny Petitbon. (cf. Reporterre).
Par ailleurs, en 2019, seulement un quart des fonds climat étaient mobilisés pour aider les pays à s’adapter aux effets du changement climatique, contre 64 % pour réduire leurs émissions, ce qu’on appelle l’« atténuation ». L’accord de Paris prévoit pourtant un équilibre entre les deux. Le texte de Glasgow engage les États à doubler leurs financements pour l’adaptation. « Une promesse très insuffisante par rapport aux besoins et à ce que demandaient les pays en développement », juge Armelle Le Comte, porte-parole d’Oxfam France.
La sortie des énergies fossiles intégrée à l’accord de Glasgow
L’accord adopté à Glasgow mentionne la sortie progressive du charbon ainsi que des subventions aux combustibles fossiles. Depuis près de trente (30) ans, les négociations climatiques internationales n’avaient jamais permis de mettre à l’index les énergies fossiles, pourtant à l’origine de près de 90 % des émissions mondiales de CO₂ et de 70 % des émissions totales de gaz à effet de serre.