Tissage traditionnel dans plusieurs communes du Bénin: Le Kanvo, un label vestimentaire à révéler par les maires
(La nécessité pour les autorités locales de promouvoir ce pagne à l’image du maire de Parakou)
Ce que chaque peuple à apporter au reste du monde est sa spécificité culturelle. En la matière, plusieurs communautés n’entendent pas rester en marge de cette contribution à la diversité culturelle dans le monde. Elles comptent d’ailleurs s’imposer, au Bénin, comme un label en ce qui concerne plus particulièrement le secteur vestimentaire.
Un des moyens d’expression de la culture de chaque communauté reste son style vestimentaire. Le Kanvo, un pagne typiquement béninois, mérite d’être valorisé d’abord et avant tout par les autorités locales, à l’image de Charles Toko à Parakou qui rend obligatoire, deux jours sur cinq, le port de tenue locale au sein de l’administration municipale.
Un patrimoine culturel historique
Si au Burkina ce pagne porte le nom « Faso danfani », au Bénin, il a pour nom « tako » en langue baatonu et « kanvo » en langue fon qui signifie pagne tissé. L’histoire raconte que c’est un tissu royal qui a traversé le temps et l’espace. C’est le roi Agonglo qui, impressionné par l’art et le génie d’un tisserand nigérian, aurait ramené celui-ci à Abomey après une conquête, selon la légende. C’est ainsi que ce dernier se mit à son service. Dès lors, le roi fit la promotion du pagne tissé qui, pour lui, était une marque de noblesse. Plusieurs familles aujourd’hui sont des tisserands qui confectionnent des motifs variés du kanvo.
Une transition vers le modernisme
Pendant plusieurs siècles, le pagne tissé est resté l’apanage des rois mais aujourd’hui toute personne, fut-elle un simple citoyen, une autorité, un touriste etc peut se l’offrir pour ses besoins personnels. Ainsi, ce tissu a évolué grâce à des artisans passionnés qui s’attèlent à conserver l’histoire, à la perpétuer et à valoriser ce patrimoine culturel. Alors que le kanvo se nouait le plus souvent par les rois, aujourd’hui, la nouvelle génération d’artisans a su allier tradition et modernité. En effet, chemises, pantalons, sacs, nappes et bien d’autres articles sont confectionnés pour répondre aux besoins de notre génération. Toutefois, en dépit de la passion qui guide les différents acteurs de ce sous-secteur, il est à noter que le pagne tissé a du mal à affirmer son originalité tant dans notre pays qu’à l’extérieur, un constat déplorable.
Vers la création d’un label vestimentaire
Le pagne tissé est indéniablement représentatif de notre identité mais il est peu valorisé. Si le bomba a pu devenir un label adopté et très prisé aussi bien à l’intérieur de notre pays qu’à l’extérieur, le kanvo peut en faire davantage. D’abord, c’est le seul tissu entièrement produit au Bénin depuis des siècles. Il existe plusieurs coloris, plusieurs motifs et surtout différents degrés d’épaisseur de pagne tissé. Il est donc possible de réaliser n’importe quel modèle avec du pagne tissé béninois. Ensuite, le pagne tissé ne coute pas les yeux de la tête comme les pagnes importés. Avouons que plus d’un ne la savent pas ! Il y a même des boutiques prêt à porter spécialisés dans le pagne tissé. Enfin, porter du pagne tissé béninois, c’est soutenir l’économie locale. Car la mode est et a toujours été un puissant levier de développement économique local et national. Il va sans dire que porter du pagne de chez nous, c’est contribuer au développement de notre pays et au rayonnement de sa culture.
Il urge alors pour ne pas laisser cette richesse s’effriter, de mettre en place un plan d’action pour davantage la faire connaitre, la pouvoir et la faire aimer de tous. Mais les autorités au niveau local ont un grand rôle à y jouer. L’exemple parfait en la matière est bien sûr le maire de Parakou, Charles Toko qui a, via un arrêté municipal, imposé le port de tenues traditionnelles les lundis et vendredi de chaque semaine. Vivement d’autres Charles Toko dans l’administration locale au Bénin!
Tatiana Ahounou