Quête de l’efficacité des politiques publiques : Vers un changement des paradigmes sur la démographie et le développement au Bénin

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Le Conseil  des  Ministres  de ce  mercredi   3  mai  2023, sous  la présidence  du Président Patrice TALON, a ouvert la voie à une nouvelle réforme que bon nombre de médias ont banalisé le lendemain, montrant ainsi combien cette information importante a été sous traitée et très peu prise en compte par les Béninois. Or, connaissant le mode opératoire du Chef de l’Etat en matière de réformes, l’ouverture d’un nouveau chantier en conseil des ministres est le signe qu’il a fini de mener ses réflexions et veut passer à l’acte. Contrairement à la réforme structurelle sur la décentralisation, celle sur la démographie sera plus participative et connaitra un grand moment de réflexion et d’échange avec l’organisation en septembre prochain des assises nationales sur la croissance démographique et le développement au Bénin. La nécessité d’un participation quantitative et surtout qualitative des Béninois demeure la condition sine qua non pour la durabilité de cette réforme.

 

By FSK

Le gouvernement veut qu’ensemble, les Béninois puissent convenir de combien d’enfants chaque femme béninoise doit mettre au monde afin de garantir l’équilibre des investissements dans les secteurs productifs et sociaux tout en maximisant le bien-être national. Un objectif noble surtout mené dans une démarche participative et inclusive. Mais, toute la question est de savoir si la croissance démographique est un atout ou un frein au développement du Bénin ? En effet, faire de la population un champ d’actions ou d’interventions capables d’influencer les politiques publiques et le développement d’un pays a été, pendant longtemps, une préoccupation de la Banque mondiale et de certains économistes. Certains chefs d’Etat occidentaux comme Emmanuel Macron s’en sont également mêlés et ont donné des conseils aux Africains sans forcément comprendre le fonctionnement de chaque pays. Entre croissance démographique et développement, il y a forcément des liens. Pendant longtemps, le Bénin s’est employé à rechercher les dividendes de la croissance démographique sans qu’on en fasse vraiment le bilan.

L’argumentaire du gouvernement

Selon le Conseil des Ministres, le Bénin, depuis la conférence internationale sur la population et le développement tenue au Caire en Egypte dans les années 1994, a mis en place « des instruments de  planification » pour maitriser sa croissance démographique. Le constat du gouvernement est que ces politiques ont échoué car « la croissance démographique du Bénin figure parmi les plus élevées au plan régional et même international ».  Et le gouvernement de trancher en mettant sur le dos de la croissance démographique « d’inhiber les efforts de réduction sensible de la pauvreté pour favoriser l’émergence  économique », d’où la nécessité  de rechercher « l’adéquation  entre   dynamique  de   population  et   développement », une priorité pour de nombreux Etats dont le Bénin.

Quelques chiffres en appui à la position du gouvernement

« Entre  1979 et 2013, la population béninoise  s’est  accrue  de 176%, passant  de 3,3 millions à plus de 10 millions d’habitants, pendant que les pays comme l’Irlande et la Nouvelle-Zélande, ayant la même proportion de population que le Bénin en 1979, ont connu  un faible accroissement respectivement de 37% et 43%. A l’évidence, ces données  posent  la problématique de l’efficacité de notre politique nationale de population et notamment celle de la parentalité responsable et expliquent pourquoi malgré  les efforts remarquables que fournit le peuple dans son ensemble, l’amélioration notable des conditions de vie n’est pas toujours  ressentie » Deux éléments importants de cette citation du gouvernement :

  • l’accroissement démographique exerce une forte pression sur les investissements du pays en infrastructures sociales de base et crée une demande toujours plus forte, déséquilibrant négativement les ratios entre population et services sociaux de base. Autrement dit, si en dix ans, l’Etat réalisait des infrastructures pour porter à 90% le taux de couverture du pays en services sanitaires de base, durant les mêmes années, la population aurait doublé voire triplé, ramenant 50% voire moins le taux de couverture initial de 90% en matière de santé primaire. Ainsi, le gouvernement semble se retrouver devant un rocher de Sisyphe ou un « tonneau des Danaïdes » ;
  • la parentalité responsable : chaque Béninois doit s’interroger sur comment assurer l’éducation et les besoins vitaux aux enfants qu’il mettra au monde.

 

Conclusion du gouvernement : « Dès lors, il apparaît déterminant d’envisager un  réajustement  des paradigmes en  la matière  en vue  d’asseoir  de bonnes  bases à même de concilier l’ambition de bien-être partagé et le désir de procréation ».

 

L’objectif du gouvernement

Le Gouvernement envisage d’organiser, avant toute réforme ou nouvelle politique publique, « des assises nationales qui regrouperont, courant septembre 2023, dans une approche  participative et inclusive, la classe politique, la Société civile, les   jeunes, les  femmes,   les  universitaires,  les  leaders   religieux, les responsables de culte, les gardiens  de nos traditions, la diaspora ainsi que les partenaires techniques et financiers ».

Il est attendu des débats et échanges en  français et dans nos langues nationales :

  • « l’identification des facteurs favorisant  la forte fécondité  au Bénin et les limites des réponses utilisées, jusque-là, pour maîtriser la dynamique démographique ;
  • l’évaluation des conséquences de la croissance  démographique sur la demande des biens et services  sociaux et leur  implication  sur  les dépenses  publiques ;
  • la proposition de l’indice  synthétique de  fécondité  optimale  qui  garantit l’équilibre d’investissements dans les secteurs productifs et sociaux et maximise le bien-être national ; puis
  • la proposition des mesures innovantes et vigoureuses visant l’accélération de la transition démographique et favorisant durablement le respect et le maintien à l’indice synthétique de fécondité optimale ».

 

Quelques éléments d’analyse

Les dix pays les plus riches du monde sont des pays fortement peuplés :

  1. Les États-Unis, avec une population de 340 092 699 personnes et un PIB de 25 035 $ US
  2. La Chine, avec une population de 1,4257 milliard d’habitants et un PIB de 18,321 milliards de dollars
  3. Le Japon, avec une population de 124,77 millions d’habitants et un PIB de 4,301 milliards de dollars
  4. L’Allemagne, avec une population de 83,36 millions d’habitants et un PIB de 4,031 milliards de dollars
  5. L’Inde,avec une population 1,4286 milliard de d’habitants et un PIB de 3,469 milliards de dollars
  6. Le Royaume-Uni, avec une population de 69 millions 425 995  habitants et un PIB de 3,199 milliards de dollars
  7. La France, avec une population de 68 millions 042 591 habitants et un PIB de 2,778 milliards de dollars
  8. Le Canada, avec une population de 38 millions 681.797d’habitants et un PIB de 2,2 billions de dollars
  9. La Russie, avec une population de 146 millions 142 959 d’habitants et un PIB de 2,113 milliards de dollars.
  10. L’Italie, avec une population de 58,8 millions d’habitants et un PIB de 1,997 milliard de dollars

 

Si le Japon, troisième économie du monde, ne développe pas une politique de repeuplement, d’ici 400 ans, il n’y aura plus de japonais sur la terre. La plus part des pays occidentaux sont dans des situations identiques simplement parce qu’à un moment donné, des politiques démographiques ont été mises en œuvre sur fond de changement de mode de vie décourageant la croissance démographique alors qu’en créant le monde et l’homme et la femme, DIEU a dit : « Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre. ». Parole du Créateur.

Nous y reviendrons.

FSK

 

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