« La paix est immédiatement possible à Gaza si le Hamas dépose les armes ! », selon Sharren Haskel, Vice-Ministre des Affaires Étrangères Israélienne
Entretien exceptionnel avec la Vice-Ministre des Affaires Étrangères Israélienne, Sharren Haskel
« La paix est immédiatement possible à Gaza si le Hamas dépose les armes ! »
Rencontrée dans le cadre d’une visite de la presse francophone africaine en Israël, juste avant le déclenchement du conflit avec l’Iran, Sharren Haskel nous a fait part de la complexité de la politique israélienne dans Gaza et autres territoires autonomes de la Palestine mais entrevoie des possibilités de paix durable.
Quid du blocage de l’aide humanitaire attendue à Gaza…
En ce qui concerne l’aide humanitaire, explique Sharren Haskel, Vice-Ministre des Affaires Étrangères Israélienne, « le Hamas contrôle tout à Gaza, l’éducation, la santé, les logements… Il y a une organisation dénommée UNRWA (the United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East), C’est une organisation humanitaire mais ce n’est pas vraiment de l’humanitaire qu’ils font. Combien de personnes travaillent pour l’UNRWA qui intervient juste pour les Palestiniens ? 30 mille, 3 fois plus que l’organisation qui s’occupe des réfugiés dans toute l’Afrique (Nigéria, Congo, etc..). Certains employés de l’UNRWA ont coordonné ou facilité des actions du Hamas. Par exemple, en laissant les employés s’entraîner ou glorifier la violence. Plusieurs dizaines d’employés de l’UNRWA ont été identifiés parmi les combattants du Hamas lors de l’attaque du 7 octobre 2023. Donc, à travers l’UNRWA, le Hamas gagne des dizaines de millions de dollars issus de la revente de l’aide humanitaire et de son utilisation pour alimenter ses combattants. Ils ont payé tous les salaires de leur personnel par cette aide humanitaire. Alors il faut revoir cette aide humanitaire. C’est ce qui a été fait.
L’unique condition pour la paix à Gaza!
La Vice-Ministre des Affaires Étrangères Israélienne, Sharren Haskel est formelle : « l’unique condition pour la paix et une paix durable dans Gaza est le désarmement total du Hamas et la libération de tous les otages surtout vivants » réaffirme-t-elle. Et si le Hamas avait respecté cette condition au lendemain du 7 octobre, on n’en serait pas là, se défend-elle. « Chaque fois, nous montrons que nous ne voulons pas de guerre, mais la paix, le Hamas va dans le sens contraire. A titre d’exemple, l’Envoyé Spécial du Président des États Unis a fait une proposition pour le cessez-le-feu. Nous avons marqué notre accord. Le Hamas a encore refusé. Je pense que Hamas refuse à cause la pression de la communauté internationale sur Israël alors que cette pression doit aller vers le Hamas. Dès que la pression est sur le Hamas, ils disent oui à toutes les propositions de paix, quand c’est du côté d’Israël, le Hamas bombe la poitrine et dis non à toute proposition de paix ». L’objectif est clair depuis le début de la guerre. On souhaite que le Hamas dépose les armes et nous rende les otages. Mais le Hamas refuse. Que doit-on faire dans un contexte pareil? Le Hamas n’est pas juste une organisation de terreur c’est aussi un gouvernement. Alors il y a un aspect militaire et civil. Ils ont le contrôle des deux côtés. Pour éliminer Hamas, on doit établir les objectifs sur les deux côtés, éliminer la branche armée et mettre fin au contrôle de la vie des populations par le Hamas.
Avoir misé sur le Hamas pour la paix et développer Gaza a été une erreur…
« Les solutions à deux États ne sera pas envisageable avec le Hamas à Gaza. C’est important de dire que Gaza a été un territoire autonome, une forme d’expérimentation avant de donner aux Palestiniens un État qu’ils peuvent contrôler. Ils ont déclaré sur leur plateforme politique que leur objectif est de tuer la population juive en Israël ». A notre place, tout gouvernement sérieux prendrait ses responsabilités. « La guerre est la chose la plus horrible que l’on puisse imaginer », nous explique la Vice-Ministre. « Si on pouvait avoir un dialogue diplomatique fructueux, nous allons l’accepter. Malheureusement, depuis 2005, Israël n’a pas pu établir un dialogue sincère et constructif avec Gaza. Israël s’est désengagé de Gaza, avec toute la population juive de Gaza qui a été déplacés ailleurs. L’administration israélienne avait un rêve, celui de faire de Gaza, le Hong Kong ou le Singapour de la région. Clinton Fondation a donné 100 millions de dollars aux fermiers israéliens, pour laisser leurs installations et leurs business sur place à Gaza afin que cela profite aux populations palestiniennes. Savez-vous ce qu’ils en ont fait? Ils y ont mis le feu. Au bout du rouleau, les populations ont élu Hamas comme gouvernement ». Israël n’a pas choisi la guerre, mais a le devoir de se défendre poursuit la parlementaire devenue Vice-Ministre dans le Gouvernement Netanyahou, à la faveur d’une coalition. La guerre est la forme la plus violente pour résoudre un conflit.
Le 07 octobre, un tournant radical dans la vie d’Israël et du Moyen Orient
Plus rien ne sera plus comme avant en Israël après le 07 octobre 2023. « C’est important de savoir que le 7 octobre 2023 a tout changé, notre vision a changé, le futur d’Israël a aussi changé. La question est de savoir si Israël va exister ou pas, si mes filles et petites filles, vont pouvoir habiter cette terre de nos ancêtres et avoir une nation » explique la jeune dame qui arrive à allier une chaleur humaine avec une fermeté de ton. Justifiant la présence de sa formation politique aux côtés du Premier ministre d’Israël Benyamin Netanyahou, la jeune vice-ministre estime que l’onde de choc du 7 octobre a conduit la classe politique israélienne à « mettre ensemble les forces politiques afin de battre nos ennemis communs ». Pour elle, le 7 octobre a été un jour difficile de l’histoire d’Israël, avec la violence contre les femmes qui a été utilisée comme une arme de guerre. Les massacres de bébés, de jeunes, de vieux a vraiment secoué notre pays. Ces images resteront éternellement dans nos cœurs. Dans ce temps, on a été attaqué.
Au moins sept fronts ouverts contre Israël depuis le 7 Octobre 2023
« Dès le 7 octobre, le Hezbollah nous a attaqués avec des missiles. Ils ont détruit nos villes et nos villages du Nord. On a dû évacuer 60 mille de personnes au Nord d’Israël. On a été attaqué du Yémen par les Houthis, de l’Irak, et directement de l’Iran. Tous ces pays vastes et plus peuplés se mobilisent contre un petit pays comme Israël, moins de 22.000 km2 et de 10 millions d’habitants. Israël n’a pas de frontière avec l’Iran ou l’Irak ou encore le Yémen. Et pourtant, ces pays nous attaquent directement ou indirectement, il y a aucune raison ».
Est-il possible de faire une guerre propre à Gaza?
L’armée israélienne essaie de ne pas exposer les civils. C’est pourquoi, nous avons un Conseil Juridique qui accompagne l’armée et fait obligation d’envoyer des messages aux civils pour qu’ils quittent les zones avant les bombardements. C’est un risque que nous prenons parce que le Hamas est aussi informé de ces messages et ses combattants quittent les lieux. Au début de la guerre, on a pris deux (02) semaines pour dire d’évacuer les populations de Gaza du Nord au Sud. Le Hamas a menacé les populations en postant des snipers : « si vous descendez vers le Sud, on vous tue ». Ce sont les soldats israéliens qui ont éliminé les snipers de Hamas pour avoir une route de sécurité pour les Palestiniens.