133 session du Comité Européen des Régions au Parlement européen Bâtiment Paul Henri Spaak : Le plaidoyer de François Albert Amichia pour un financement plus accru des villes

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C’est dans un hémicycle bondé du prestigieux parlement européen de Bruxelles, Bâtiment Paul Henri Spaak au 60 rue Wiertz, B−1047 Bruxelles que le Président du CCT a pris la parole, accompagné pour la circonstance du Vice-Président Luc Atrokpo, du Président El Hadj Malick Diop de la Commission Economie et Finance, du Conseiller au PCTL Eric Kondia et de l’Expert Franck KINNINVO.

Le Président du CCT-UEMOA a d’abord mis l’accent sur les résultats du Forum du 4 au 5 sur Villes et Régions dans la coopération au développement. « Je ne peux guère aborder cette thématique sans vous faire partager les riches enseignements que je retire du Forum « Villes et régions pour la coopération au développement » qui s’est tenu à Bruxelles. Le Forum a constitué un espace de dialogue unique sur la coopération au développement: plus de 600 représentants des autorités locales et régionales de l’UE et des pays partenaires; mais aussi des associations, des réseaux de villes et des praticiens se sont rassemblés pour aborder la thématique cruciale du développement urbain durable.

Les défis exceptionnels de l’urbanisation et de la démographie

« Alors que plus de la moitié de la population mondiale vit désormais en milieu urbain – contre moins de 34% en 1960 – il s’agit d’une problématique incontournable. A mesure que le phénomène d’urbanisation s’amplifie (d’ici 2050, 2 milliards de personnes supplémentaires vivront en zone urbaine), nous devons apprendre à transformer ce « défi exceptionnel » en une « opportunité exceptionnelle » pour nos sociétés. Cette problématique a été abordée par les participants divisés en petits groupes lors de la session « Open Space« . Une soixantaine de sujets a ainsi été traitée, allant de « l’économie solidaire » à « la gouvernance inclusive ». Je tenais à féliciter les participants pour leur implication dans les débats et la qualité des recommandations adressées aux institutions européennes ».

Recommandations transversales sur l’aide au développement

« Je retiens notamment que les participants ont recommandé à l’Union européenne de continuer à prêter une attention importante à la diversité des territoires couverts par sa politique de développement. Bien que les zones urbaines concentrent les défis de manière particulièrement visible, le développement des zones rurales ne doit pas être oublié pour autant. Ainsi au Niger, un des pays constitutifs de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine, 83.65% de la population vivait en 2017 en zone rurale. Cette attention prêtée à la diversité des territoires doit même aller plus loin puisque les spécificités des petites villes doivent également être intégrées dans le dessin des politiques de développement. Concrètement, cela se traduit par exemple par des projets avec des budgets plus modestes, adaptés aux capacités administratives et financières des collectivités de taille réduite. La présentation du partenariat entre la ville béninoise de Dogbo et la ville belge de Roselare fut un excellent exemple de projet efficace malgré un budget relativement limité (120 000€ en 5 ans) ».

 

Financement des projets de coopération décentralisée

De très nombreux participants ont abordé la question – toujours centrale – du financement des projets de coopération décentralisée. Les autorités locales et régionales disposent de caractéristiques spécifiques très différentes des organisations non-gouvernementales. Il est ainsi regrettable que la proposition de la Commission pour le prochain cadre financier pluriannuel ne prévoit plus de budget spécifique pour les collectivités locales.

 

Recommandations thématiques

Le développement urbain durable recoupe un ensemble de thématiques de première importance: emploi, sécurité, environnement, intégration des migrants et bien d’autres. Ne pouvant toutes les aborder, je me permettrai d’en mentionner trois:

  • Intervenants et participants ont conclu qu’une attention particulière devait être portée à la jeunesse dans le dessin des politiques publiques. En effet et comme l’a indiqué le professeur Stephen Smith, la jeune Afrique est en mouvement avec 40% de la population âgée de moins de 15 ans.
  • Le rôle des femmes en faveur du développement a également été abordé à de nombreuses reprises et il a été recommandé de soutenir les réseaux de femmes, leur inclusion sur le marché du travail, leur accès aux postes à responsabilité et d’améliorer des services publics qui leur sont destinés.
  • Je me permettrai enfin d’aborder un dernier point, celui des populations déracinées. Il est ressorti des échanges tenus lors du Forum que la logique partenariale de la coopération décentralisée peut être un levier stratégique pour transformer la perception d’une « migration de crise » à une « migration-opportunité ». Les collectivités territoriales ont un véritable rôle à jouer en la matière en tant que fournisseur de services publics de base mais également en tant qu’acteur clef de leur intégration dans les sociétés d’accueil.

 

Mise en œuvre des recommandations

Je suis convaincu que les discussions sur ces enjeux mondiaux et transversaux pourront être utiles pour les maires et représentants de collectivités territoriales africains et qu’ils sauront faire fructifier les contacts noués au cours de ce Forum. J’espère également que les recommandations formulées par les participants pourront enrichir le travail des institutions européennes. Pour ce faire, j’appelle spécifiquement les membres du Comité des Régions à ne pas laisser les recommandations de la communauté de la coopération au développement devenir lettre morte et à les intégrer autant que possible – tant dans leurs travaux législatifs bruxellois que dans la mise en œuvre des politiques publiques dans leur circonscription.

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