Forum Villes et Régions pour la Coopération décentralisée : L’Afrique de l’ouest partage ses expériences à travers le Conseil des Collectivités Territoriales de l’UEMOA
« Si l’Union Européenne prenait en compte les propositions formulées par le Conseil des Collectivités Territoriales de l’UEMOA par la voix de son président, le Ministre Albert François AMICHIA, il est certain que dans les cinq prochaines années, l’Afrique changera complètement de visage et sera un continent développé. C’est tout simple, l’Union Européenne doit davantage soutenir les efforts des collectivités territoriales et les financer encore plus car elles sont au cœur des enjeux du développement durable, surtout en Afrique de l’Ouest grâce au CCT-UEMOA », dixit Luc Atrokpo, président de l’Association Nationale des Communes du Bénin et 1er Vice-président du CCT-UEMOA. A cette rencontre et lors de la plénière du Comité Européen des Régions, le leitmotiv du CCT a été le même selon le président du CCT: « l’Europe doit davantage renforcer son appui aux collectivités territoriales si elle veut réellement contribuer au développement de l’Afrique. Il faudra alléger les procédures et faciliter l’accès aux ressources pour les entités décentralisées ». Le maire de Treichville et ministre de la Ville de Côte d’Ivoire n’a pas mâché ses mots à l’endroit de son auditoire en précisant que l’Afrique de l’Ouest dispose d’une faîtière à même d’aider ces collectivités à mettre en œuvre des projets qui touchent directement les populations. Pour le président de la faîtière de près de 3.000 collectivités locales de l’espace UEMOA, l’appui aux villes, communes et aux régions facilitera la lutte contre la pauvreté dont l’immigration est un corolaire.
L’Afrique de l’ouest institutionnellement prête pour la coopération au développement à grande échelle via les collectivités décentralisées.
Dans une présentation délivrée par le Président de la Commission Economique et Financière du CCT-UEMOA, EL Hadj Malick Diop, lors de la session sur le Cadre politique international pour un développement durable urbain/local, l’historique de la création du CCT a été passé en revue. Selon l’intervenant qui a pris la parole en lieu et place du Président Amichia, « depuis sa création, l’UEMOA a essentiellement collaboré avec les Etats membres, spécifiquement avec leurs Administrations centrales pour amorcer les principaux chantiers des politiques d’intégration communautaire avec beaucoup de difficultés et de contraintes». C’est alors que les chefs d’Etat et de gouvernement ont décidé d’inverser l’ordre des choses et d’impulser l’intégration des peuples à partir des collectivités territoriales à la base. Ainsi, souligne l’orateur, « le Conseil des Collectivités Territoriales (CCT) de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) a été créé le 30 mai 2011 par la Conférence des Chefs d’Etats et de Gouvernements. Par cet acte, l’Union donne un signal politique fort pour une meilleure implication des collectivités territoriales dans le processus d’intégration régionale pour relever les défis de la mondialisation, promouvoir un système de gouvernance multi niveaux, et prendre en compte les préoccupations des autorités locales dans les politiques de développement ». Sur cette base, « le principe directeur du CCT est de fédérer les initiatives, les compétences et les moyens afin de mettre en place une plateforme qui articule les niveaux régional, national et local pour à la fois une continuité et une convergence territoriale. L’articulation des niveaux local et global dans le développement du tout économique, politique et social de nos pays demeure l’un des plus grands enseignements tirés du 20ème siècle qui suggère une meilleure prise en compte du niveau local, levier économique de toute nation ». Pour l’ancien maire et député du Sénégal, « le paradoxe de la mondialisation apparaît dans la découverte du rôle déterminant des acteurs et gouvernants locaux dans la promotion du développement économique, politique et social. Sur le plan politique, cette découverte s’est traduite par le transfert dans beaucoup de pays de compétences traditionnellement détenues par l’Etat aux collectivités territoriales désormais responsables et actrices du développement qui apparaît aujourd’hui comme un fait total car résultant d’interactions entre un ensemble de phénomènes étroitement interdépendants. C’est dans ce cadre qu’il faut saisir le rôle et la place du gouvernement local et plus spécifiquement de l’élu local dans une Afrique qui cherche à combler et à rattraper un retard économique dont les causes tant conjoncturelles que structurelles renvoient à la nécessite de revenir à la base, au niveau des collectivités, des groupes d’acteurs et des structures locales pour y asseoir des mécanismes simples transparents et favorisant des interactions positives et fécondes tant pour l’homme que pour la protection de l’ environnement ».
Pour l’homme de conviction qu’est El Hadj Malick Diop, «De par ces actions novatrices, le souci de passer de l’UEMOA des Etats à une Union des peuples est concrétisé avec pour objectif non seulement d’assurer la participation des communautés à la base aux actions de l’Union, mais également de constituer une garantie de la prise en compte des préoccupations des populations dans la formulation, la mise ne œuvre et le suivi des politiques de l’UEMOA. Cette décision des plus hautes autorités de l’Union est bien en phase avec les évolutions actuelles dans la gouvernance des Etats qui fait apparaitre les collectivités territoriales comme des échelons infranationaux de gouvernements ». Dans la dynamique de l’intégration régionale, le CCT-UEMOA joue aujourd’hui un rôle politique et technique prépondérant et de premier ordre dans l’accompagnement des démarches de collaborations multi-acteurs à différentes échelles à travers des stratégies, des outils et des projets préparés et montés de façon inclusive avec les autorités locales.
La feuille de route du CCT
Une présentation qui a été fortement appréciée par les participants et aura permis au CCT de mettre en lumière sa feuille de route. En effet, depuis son installation, le CCT-UEMOA a adopté une feuille de route qui définit huit (8) programmes intégrateurs visant à promouvoir une approche territoriale du développement. Il s’agit de :
- Programme de coopération transfrontalière ;
- Programme paix, sécurité et gestion des migrations ;
- Programme de convergence en matière de décentralisation financière ;
- Programme de renforcement de capacités ;
- Programme portant sur les Objectifs du Développement Durable ;
- Programme de jumelage et coopération entre collectivités territoriales de l’espace UEMOA ;
- Programme fonds communautaire de financement des collectivités territoriales ;
- Programme gouvernance et genre.
Dans le cadre de la mise en œuvre de ces programmes prioritaires, le CCT bénéficie de l’appui technique et financier des partenaires au développement (Union européenne, Coopération française, Coopération Suisse, Fonds d’Equipement des Nations Unies, Global Local Forum, GIZ, Grand-Duché du Luxembourg, le Fonds Mondial de Développement des Villes etc.).
Afin d’obtenir des résultats palpables dans le cadre de ses missions, le CCT-UEMOA s’appuie sur des instruments et outils d’intégration et de développement communautaire :
- Le Programme régional d’appui à la décentralisation financière avec comme outil Le mécanisme communautaire de financement des collectivités et la directive communautaire sur la décentralisation financière ;
- Le programme de coopération transfrontalière intégrant l’emploi des jeunes et la gestion de la migration
- Le programme Paix et Sécurité.