Désignation des CQ/CV à partir des résultats de 2020 : «Tout semble être bloqués au niveau des préfets » selon Basile Kalassi, Coordonnateur de la 4ème CE du parti FCBE

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La FCBE  avait créé la grande surprise en 2020 plus particulièrement dans la partie septentrionale du pays ; ceci avant l’entrée en lice du parti Les Démocrates qui aux présidentielles comme aux législatives leur a fait de l’ombre voir effacer. Mauvaise lecture, crie Ussoï Kalassi Anaki Basile, coordonnateur de la quatrième circonscription électorale. Avec lui, l’Hebdomadaire Le Municipal est revenu sur les préparatifs des municipales, communales et locales de 2026, la non installation des CQ et CV issus des élections de 2020, la réforme de la décentralisation, la désignation des maires, l’accord de gouvernance des FCBE avec les partis de la mouvance…. Basile Kalassi répond sans langue de bois.

Le Municipal :  2026, année électorale : comment vous préparez vous?

Basile Kalassi, Coordonnateur de la 4ème CE du parti FCBE :  2026 est une très grande année pour nous. Nous nous préparons déjà très bien. Nous sommes entrain de remobiliser nos troupes sur le plan national pour que la grande fête soit belle.

La cour constitutionnelle a validé les compilations issues des dernières élections communales et municipales présentées par la CENA. Malgré les instructions données aux préfets, dans plusieurs communes, c’est toujours le statu quo. Que se passe-t-il vraiment, quelles sont les communes concernées et quelles sont vos démarches pour entrer dans vos droits?

Eh bien, je crois que par rapport à cette question des chefs de village et chefs de quartier, aujourd’hui c’est un sujet taboue, parce que malgré toutes les instructions données par les instances, c’est-à-dire la CENA, le ministère de la Décentralisation, tout semble être bloqués au niveau des préfets. Donc, au niveau de notre parti FCBE, nous avons fait un travail très minutieux en désignant tous nos chefs quartiers au niveau de tous les villages où nous avions gagné les élections en 2020.

C’est la préfecture du Borgou qui avait pris l’arrêté préfectoral et qui a ensuite suspendu l’installation. Au niveau des autres préfectures, c’est resté statique. Malgré les cris des responsables de notre parti au niveau du bureau politique, nous constatons que c’est bloqué. Les préfets doivent prendre les arrêtés, parce qu’ils oublient que la roue tourne, et qu’aujourd’hui cette question de délégué est devenue une force pour nous. Et ça fait que même la mouvance a pris peurs. En tout cas, quel que soit ce qui va se passer, la loi c’est la loi. Ça va tarder mais nous pensons que la fête aura lieu quand même. Nous sommes en train de pistonner les instances qui sont chargées de mettre la pression sur les préfets, afin que cette réalité soit vraiment une chose vécue, et que l’installation des délégués soit au passé. Vous savez qu’en politique, il y a le lobbying. Sachez que la FCBE sortira vainqueur de cette affaire des délégués.

Certaines sources affirment que vous lorgnez le fauteuil municipal. Quel est votre regard sur la réforme de la décentralisation dans son ensemble et plus particulièrement en ce qui concerne la désignation des maires par les partis politiques ?

Oui, c’est vrai, je lorgne beaucoup le fauteuil municipal de Natitingou.  C’est une ambition que je nourris depuis plusieurs années. Alors sur la réforme actuelle de la décentralisation, dans son ensemble, je peux dire que telle qu’elle est vécue actuellement, elle ne respecte donc pas, je crois, la volonté du peuple parce que ici c’est le pouvoir au peuple à la base. Avec les SE qui sont installés aux côtés des maires, je crois qu’il y a beaucoup de petits ratés au niveau de cette réforme.  Les gens votent pour le maire à cause de ses compétences, sa vision, par son programme. Sans cela, vous voyez avec moi que le vœu du peuple ne peut pas être exécuté et dans ce cas c’est difficile au maire de s’affirmer.

En ce qui concerne la désignation des maires par les partis politiques, c’est une bonne chose parce que ça permet quand même aux partis politiques de mettre véritablement quelqu’un qui a la vision générale du parti et qui maîtrise les enjeux de développement de sa commune. Là où ça a de petits pépins, c’est que quand vous prenez un maire qui est nommé_ ça peut être à cause d’une amitié particulière avec le chef du parti, pendant qu’il y a quelqu’un d’autre qui est plus compétent pour exercer ce poste et que, si on passait au vote, c’est ce dernier qui aurait gagné. Donc c’est bien que ce soit le parti qui désigne, mais il faut aussi ajuster pour que ce soit un consensus ou bien une élection interne qui permet à ceux qui sont élus de choisir leur maire de façon délibérée. Ça permet aussi la cohésion du travail à la mairie pouvant contribuer à avoir des résultats forcément assez éloquents.

Forcément cette réforme a ses bons et mauvais côtés.  Je peux dire que c’est quand on expérimente quelque chose et en voyant donc les insuffisances, tout en prenant des mesures correctionnelles, que nous pourrons forger une réforme territoriale plus aiguë et qui répond aux aspirations de nos peuples, de nos administrés dans les communes. Il est d’ailleurs claire que l’administration communale ne tourne pas avec cette affaire de SE. Rien ne tourne !

Le parti FCBE a créé la surprise en 2020. Désormais affaibli par le parti LD, on se demande si vous pourriez rééditer l’exploit.

En 2020, la FCBE a fait une grosse surprise, mais c’était sans les LD. Ils se sont désolidarisés du groupe en son temps, mais ça ne nous a pas ébranlés. Je crois que c’est plutôt la tournée de l’ancien chef de l’État qui a un peu touché le cœur de certains, qui l’ont trouvé un peu taquin, excusez-moi le mot, qui trouvent qu’il était en position de faiblesse, qu’il faut rétablir l’équilibre. Mais aujourd’hui, tout le monde voit clairement que les LD ne sont pas aussi ce qu’ils disent qu’ils sont.

Vous voyez aujourd’hui, les chefs de village que nous choisissons, c’est un gros atout. Plus de 700 chefs de village dans l’ensemble du pays, même si chacun de ceux-là apporte 20 électeurs. Vous voyez déjà, quand vous ferez 700 x 20, ce que ça donne. Nos instances de direction depuis l’arrondissement que nous installons, même si c’est eux seuls, plus ceux que les délégués, les chefs de village apportent, vous verrez que largement, nous aurons les 20%, voire 30%. La surprise sera très grande cette fois-ci, plus grande que celle de 2020. Nous vous le promettons. Vous allez voir de vos yeux. Les gens pensent que la FCBE est morte. Non, la FCBE vit. Et elle vivra. Je crois que la FCBE n’est pas un parti qui va finir. C’est un parti qui va rester pendant longtemps. Ce parti ne va pas fermer les portes. Ce parti verra l’avenir. Et ce parti même, je vous dirais, participera à la gestion du pouvoir prochain. Vous le constaterez d’ici quelques mois.

Paul Hounkpe, président de votre parti « quémande » un accord de gouvernance avec les partis de la mouvance. Le vent a soufflé, l’anus de la poule est à découvert. La plateforme de l’opposition n’a-t-elle pas eu raison de vous tenir à l’écart ?

Je crois que ceux qui ont des pensées comme ça se sont largement trompés. La plateforme de l’opposition ne peut pas avoir raison. Je pars du début pour vous dire que quand un gouvernement est à sa fin, il y a d’abord la nouvelle reconstitution de la classe politique. Donc, les anciens qui étaient de l’opposition peuvent devenir des mouvanciers, pas des mouvanciers actuels, mais des mouvanciers d’après le régime en place ; puisqu’il faut une nouvelle reconstitution pour conquérir le pouvoir, et c’est dans cette reconstitution de l’équipe qui va gagner le pouvoir prochain que nous nous sommes. Nous ne sommes pas à la solde du président Talon. Vous nous avez vus depuis le début. Nous sommes un parti de l’opposition, nous restons un parti de l’opposition. Nous avons une vision : conquérir le pouvoir en 2026. Et pour cette conquête du pouvoir, il faut composer avec des personnes que vous sentez qu’elles peuvent vous apporter le succès. La plateforme des partis de l’opposition, moi je dis, quand on veut me servir une pâte, pendant que je suis là, dans la cour, il faut qu’on la prépare devant moi. On ne prépare pas une pâte ; on m’apporte ça, et on me la dépose avec quelqu’un qui m’insulte. Je ne sais pas s’il m’a empoisonné ; je ne peux pas manger cette patte, s’il vous plaît.

Ce que vous appelez la plateforme de l’opposition, ça se fait derrière nous. Les gens se sont réunis. Ils ont décidé, et après ils nous invitent à adhérer. C’est qui le premier parti de l’opposition ? C’est bien la FCBE ! Si vous ne le savez pas, on vous le rappelle. Nous sommes le premier parti de l’opposition à aller contre le régime de la rupture. C’est nous qui avons été aux communales en 2020, nous avons été aux présidentielles en 2021 comme parti de l’opposition.

Mais je ne vois pas pourquoi aujourd’hui, on nous traite de mouvanciers. Mais le régime actuel, tous ceux qui sont avec lui, ce n’est pas eux qui étaient avec le président Yayi, ou bien je me trompe ? C’est bel et bien eux ! Et donc, tout ce qui s’est passé à la dernière minute, les gens qui ont fait le mercredi rouge, certains ont été ministres de Yayi. Donc, à la fin d’un mandat, c’est une reconstitution politique, et dans cette reconstitution politique, nous voyons que c’est le groupe qui va nous faire gagner, c’est vers lui qu’on va. Et même nos amis les démocrates, quand on les a lorgnés au départ, ils ont trouvé qu’avec 4% aux législatives de 2023, nous allons les faire perdre, et qu’on était un parti insignifiant. Mais dans le même temps, les partis de la mouvance nous tendaient la main et on disait non.

Pour une nouvelle reconstitution, nous avons été obligés de voir que c’est là que viendra notre bonheur, parce qu’avec le nouveau code électoral, aucun parti ne peut aller seul et espérer quelque chose. Que ce soit les législatives ou que ce soit les communales, en allant seul, qui vous dit que vous pourrez avoir 20% dans toutes les circonscriptions ? D’autant plus qu’au niveau des communales et municipales, la circonscription c’est l’arrondissement. C’est au niveau des législatives que ça prend un certain nombre de communes ; et il y a des communes qui sont à elles seules, une circonscription. Donc, ce n’est pas un pari gagné, d’aller seul. Et nous, la FCBE, tant que les démocrates ne veulent pas de nous, nous choisirons d’aller vers quiconque, surtout dans l’intention de ne pas tuer le parti FCBE. Quand vous prenez en Afrique du Sud, Nelson Mandela, il ne vit plus, mais son parti vit. Mais pourquoi au Bénin, ça ne peut pas arriver ? Dans plusieurs pays, les dirigeants des partis, les présidents sont partis, leurs partis sont restés et ils dirigent le pouvoir. Mais pourquoi au Bénin, quand un président s’en va, le parti est parti et il faut reprendre tout à zéro ? Le cauris est le seul symbole qui a apporté véritablement la paix, l’unité et surtout la prospérité partagée à tout béninois dans tous les coins du Bénin. Et dans ce sens, nous ne pourrons pas jeter le cauris. Nous le garderons là devant nous ; nous ferons tout pour le perpétuer et je crois que le cauris reviendra au pouvoir. Quel que soit ce que les gens veulent, vous verrez que le peuple nous donnera raison un jour.

Un regard critique sur la gestion actuelle de la commune, quels sont les réels défis/opportunités et comment compter vous les relever une fois patron de l’hôtel de ville de Natitingou?

Monsieur le journaliste, au regard de la gestion actuelle de notre commune, vous-même quand vous êtes là, vous voyez que rien ne bouge. Si ce n’est que l’asphaltage de la première phase, qui a pris en compte quelques rues, Natitingou est restée inchangée. Et même pas d’innovation dans les services ni dans l’administration à part traiter les dossiers courants. L’assainissement, la mobilisation de ressources propres malgré l’énorme potentiel économique, culturel et touristique de la commune. Les jeunes et les femmes sont sur le carreau.

Et même, malgré le jumelage que nous avons avec plusieurs communes de l’Europe, tout est resté comme si la vie s’est arrêtée à Natitingou. Mais quand nous allons venir à la mairie, je crois que nous allons renouveler les jumelages et nous irons hors du pays pour chercher des financements pour des projets structurants, faire de nouvelles ouvertures de voies dans la ville de Natitingou. Nous allons penser à l’électrification, donc faire des extensions et surtout recourir au solaire. Nous pensons que la prospérité doit partir du local. Dans ce sens, nous allons encourager les micro-entreprises au niveau local. Nous allons aussi voir comment innover dans le système marchand et domanial pour rendre notre commune véritablement attractive.

Aujourd’hui, les espaces administratifs de la commune ont été bradés, c’est-à-dire morcelés par nos maires et revendus. Nous pensons que nous allons tout récupérer et voir comment relever l’économie locale désormais boostée à travers le marché, des jumelages, les échanges commerciaux et autres. Nous allons aussi organiser des foires pour faire valoriser, c’est-à-dire transformer la production locale.

Je crois que c’est avec ça que nous pourrons obtenir une commune épanouie. Je ne vais pas tout dire ici, parce que j’aurai le temps de vous le montrer dans peu de temps, pendant les campagnes.

Monsieur Basile KALASSI, quelles sont les réelles chances pour les Fcbe de percer aux prochaines élections dans l’Atacora et comment compter vous conquérir la mairie?

Oui, les gens pensent qu’avec les LD, la FCBE n’a aucune chance de percer dans le Nord, et surtout dans notre département, l’Atacora. Moi, je crois que ceux qui ont ces idées doivent les chasser véritablement et rapidement de leurs têtes. Parce que la FCBE est toujours gravée dans le cœur de toute la population du Nord, et les communales, c’est une bataille de proximité. Donc, ce n’est pas une question de partis comme les législatives ou les présidentielles.

Ici, c’est une question de qualité de personne. Et comme je vous l’ai dit, nous à la FCBE, nous avons la qualification pour briguer les mairies du septentrion. Parce que nous avons des personnes cleans qui n’ont pas de tâches. Est-ce que vous voyez ? Nous n’avons pas de dettes envers l’État. Nous n’avons pas volé dans une caisse de l’État. Nous vivons de nos petits moyens. Nous sommes des personnes honnêtes, qui vivons de la sueur de notre front. Tout ça nous donne des chances réelles pour conquérir le pouvoir local. Nous avons aidé nos voisins, quand ils ont eu besoin de nous. Et comme je vous l’ai dit, l’Atacora sera le berceau de la FCBE. Depuis la Donga même, nous, la FCBE, allons mater tous les partis que nous allons croiser sur notre route. Et ça se fera avec tact, sans bruit ni tapage, mais avec intelligence. Et à la fin, je crois que c’est le parti qui sortira gagnant. Que les gens pensent ce qu’ils pensent, nous faisons notre petit bonhomme de chemin. Tous ceux qui parlent mal, c’est des jaloux. Tant pis pour les jaloux. Ils sont pires que les FCBE. Merci.

Interview réalisée par Irédé David R. KABA

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