Atelier de formation sur la lutte contre le harcèlement sexuel en milieu professionnel : L’UPMB et l’UNESCO renforcent les capacités des femmes professionnelles des médias

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Le harcèlement sexuel, une infraction prévue et punie par le code pénal et généralement rencontré en milieu professionnel. C’est autour de cette thématique que les journées du 14 et 15 Août 2023 ont été consacrées au Centre ANOUARITE d’Abomey-Calavi. L’objectif est d’apporter à une cinquantaine de femmes professionnelles des médias venues de tous les organes confondus du Sud, des éclaircissements sur le mécanisme, la détection et la dénonciation de ce fléau en milieu professionnel. Un atelier organisé par l’Union des Professionnels des Médias du Bénin (UPMB) dans le cadre du projet ‘’Médias sans harcèlement sexuel au Bénin’’ avec l’appui de l’Unesco. Il a été animé par la présidente de l’UPMB, Zakiath LATOUNDJI, la Juriste, Coordonnatrice Nationale de WILDAF-BENIN, Ahouéfa Françoise SOSSOU AGBAHOLOU et le Secrétaire à l’organisation UPMB, YONLONFOUN Achille.

Pour une fois encore lever le voile sur le harcèlement sexuel en milieu professionnel des médias, une formation a été organisée à l’endroit des femmes des médias du Sud par l’UPMB dans le but d’outiller celles-ci en stratégies de lutte contre ce fléau qui mine la société. Dans son mot introductif, la présidente de l’UPMB, Zakiath LATOUNDJI, après avoir rappelé les trois points autour desquels se déroulera la formation a précisé le cadre dans lequel s’inscrit le présent atelier, fruit du projet « Médias sans harcèlement sexuel au Bénin » qui vient renforcer les efforts déjà entrepris avec l’Ambassade des Pays-Bas près le Bénin.

Ayant couvert deux journées entières, la première a été consacrée à la communication sur les mécanismes de détection, de dénonciation du harcèlement sexuel en milieu professionnel : cas des médias, animée par Ahouéfa Françoise AGBAHOLOU; la deuxième quant-à elle a été l’occasion d’entretenir les participantes sur la thématique de répression du harcèlement sexuel au Bénin : que disent les lois ? Animée par Maître Layo Prisca OGOUBI.

Pour Ahouéfa Françoise AGBAHOLOU, l’Article 548 nouveau de la loi N°2021-11 du 20 décembre 2021 portant disposition spéciale de répression des infractions commises à raison de sexe des personnes et de protection de la femme en République du Bénin, permet de mieux cerner le terme harcèlement sexuel. Au terme dudit article, « constitue un harcèlement sexuel, le fait pour une personne de donner des ordres, d’user de paroles, de gestes, d’écrits, de messages et ce, de façon répétée, de proférer des menaces, d’imposer des contraintes, d’exercer des pressions ou d’utiliser tout autre moyen aux fins d’obtenir d’une autre personne en situation de vulnérabilité, de subordination ou en situation de demande d’un emploi ou d’un service public, des faveurs de nature sexuelle à son profit ou au profit d’un tiers, sans le consentement de la personne harcelée ».

Beaucoup de femmes aujourd’hui sont confrontées à ce phénomène dans diverses structures mais n’arrivent pas à en parler pour plusieurs raisons. Ces raisons pour plusieurs d’entre elles peuvent être liées à la peur de perte d’emploi ; la méconnaissance des éléments constitutifs d’un harcèlement sexuel, la crainte de représailles de la part des collègues, des supérieurs hiérarchiques ; des membres de la famille; l’absence de mécanisme efficace de recours ou de signalisation ; la présence de stéréotype ; l’absence de preuves pour assigner en justice son harceleur ; etc….

A l’issu des échanges portant sur la première thématique, plusieurs moyens sont également utilisés par l’harceleur dans sa position dominante pour contraindre la victime à se laisser faire. Il s’agit de l’abus d’autorité, de la gentillesse à outrance, des remarques blessantes, des paroles et gestes répétés, des touchés et critiques  quotidiennes, de l’isolement, des allusions licencieuses, des blagues et des commentaires à connotations sexuelles, l’exhibition de matériel pornographique ou encore des propos superflus et hors du contexte sur l’apparence de la personne harcelée.

Maître Layo Prisca OGOUBI quant-à elle a fait remarquer que le cadre légal béninois a prévu un certain nombre de loi qui peuvent être déclinée comme suit : les sanctions pénales en vigueur sont celles prévues par la loi sur le numérique d’une part et celles prévues par le Code pénal d’autre part. L’article 550 alinéa 2 de la loi n°2017-20 du 20 avril 2018 portant code du numérique relatif au harcèlement par le biais d’une communication électronique prévoit une peine d’emprisonnement de un (01) mois à deux (02) ans et d’une amende de cinq cent mille (500 000) francs CFA à dix millions (10 000 000) de FCFA, ou de l’une de ces deux peines seulement. Article 550 nouveau de la loi N°2021 – 11 DU 20 décembre 2021 portant dispositions spéciales de répression des infractions commises à raison du sexe des personnes et de protection de la femme en République du Bénin « Est puni d’une amende de 500.000 à 1.000.000 et d’un emprisonnement de un à deux ans ou de l’une de ces deux peines seulement l’auteur de l’infraction de harcèlement »

Cependant, force est de constater que ce fléau peine à régresser en raison des règlements à l’amiable ou des alternatives prévues au niveau des textes. Il est donc souhaitable que les autorités compétentes mettent véritablement en application ces lois afin de permettre aux femmes professionnelles des médias et autres structures de se sentir à l’aise dans leur travail.

A la fin de la présentation, les communicantes ont partagé avec les participantes quelques recommandations comme approches pour lutter contre le fléau. Notons que dans les prochains jours, il est prévu par l’UPMB, la mise en place d’une cellule d’assistance juridique qui sera composée d’un psychologue et d’un juriste au profit des femmes et hommes des médias. Cette cellule rentre dans le cadre de l’initiative Médias sans VBG mise en œuvre avec l’appui de l’Ambassade des Pays-Bas. Son objectif sera de suivre les différents cas du harcèlement sexuel en particulier et des VBG en général.  Il sera mis en place également un recueil qui va regrouper des témoignages des victimes de VBG pour sensibiliser les acteurs.

Adelaïde HOUNYE

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