Hommage mérité au Président Kérékou, le géniteur des communes béninoises

20 ans de décentralisation au Bénin

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A la suite de la Conférence Nationale, plusieurs étapes étaient nécessaires avant la mise en place des collectivités territoriales au Bénin. La première, la plus importante était celle de la nouvelle constitution mise en vigueur le 11 décembre 1990 qui consacre le Titre XI à la décentralisation, la création et la libre administration des Collectivités Territoriales. A la suite de cette validation par la Loi Fondamentale, les Etats Généraux de l’Administration Territoriale, tenus en janvier 1993 ont déterminé les principes directeurs de la nouvelle Organisation de l’Administration Territoriale. Dès 1994, le Comité de Suivi des Etats Généraux de l’Administration Territoriale, a élaboré les principales lois déterminant le cadre juridique de la décentralisation / déconcentration. On peut retenir la Loi portant Organisation de l’administration territoriale et les lois portant Organisation des communes, Régime électoral, Régime financier et Organisation des Communes à statut particulier.

Le périlleux couplage du découpage territorial avec la désignation des chefs-lieux de département, un piège pour le président SOGLO.

Si le processus pour la mise en place des communes n’a pu aboutir qu’en 2003, c’est parce que le Gouvernement du Président SOGLO a couplé le découpage territorial avec le choix des chefs-lieux de département. En effet, l’intention initiale du Chef de l’Etat d’alors, le Président SOGLO était de réduire la taille des deux départements du Nord qui, selon lui, avoisinait déjà la superficie de la République sœur du Togo. Mais très vite, ce choix du gouvernement va susciter de vives revendications dans tout le pays. Tous les départements voulaient être divisés en deux afin de permettre à des communautés de mieux se retrouver. Et sous ces revendications, se cachait également celle de la désignation des chefs-lieux. Cette polémique a fait perdre du temps au processus et ce n’est qu’en juin 1995 que le Gouvernement, à la faveur d’un Séminaire de programmation de la réforme de l’administration territoriale que les premiers choix seront faits. La présidentielle de 1996 se pointant à l’horizon, c’est le Gouvernement du Président KEREKOU qui va reprendre les lois à son compte et le 17 juillet 1996, les approuvera en conseil des ministres pour transmission à l’Assemblée nationale.

Près d’un an après, l’examen de ces lois a commencé au Palais des Gouverneurs à Porto Novo et durera de mai 1997 à janvier 1999. La Cour Constitutionnelle ayant entre-temps joué sa partition.

15 janvier 1999 au 15 décembre 2002, les hésitations du Général Mathieu KEREKOU…

Après avoir promulgué les lois sur la décentralisation, le Président KEREKOU était impatient de convoquer le corps électoral pour les élections communales, municipales et locales en 1999. Seulement, ses conseillers lui ont fait savoir qu’une telle initiative ferait basculer les grandes villes du pays dans le giron des partis de l’opposition. La Renaissance du Bénin devrait notamment prendre le contrôle de Cotonou, siège du Gouvernement, d’Abomey-Calavi, Bohicon, Abomey… le PRD, indétrônable sur les villes de l’Ouémé dont la Capitale Porto-Novo… Cette perspective a certainement calmé les ardeurs du Chef de l’Etat, mais pas ceux des acteurs de la décentralisation comme le journal Le Municipal qui a vu le jour en 2000, le Partenariat pour le Développement Municipal dont le siège était à Cotonou et de certains partenaires techniques et financiers. Des articles, des émissions, des conférences se sont multipliés pour réclamer l’organisation des élections communales, municipales et locales. Les confidences vont dans le sens d’un intérêt particulier du Président KEREKOU pour la décentralisation. Mais le Général a compris l’importance de cette réforme au milieu de son second quinquennat. Il a notamment conseiller à l’un de ses dauphins de lui proposer un projet de société basé sur la décentralisation. Ce que Christian Enoch LAGNIDE tentera bien plus tard, en 2011. Retour dans les années 2002, la Mission de Décentralisation poursuivant ses sensibilisations et la Maison des Collectivités Territoriales faisant ses formations, une douce pression était mise sur le gouvernement. Fort de ses convictions, le Général Mathieu KEREKOU, en 2002 a fini par convoquer le corps électoral pour un mois de décembre, certainement impropre à une élection. Les élections, malgré l’imminence des fêtes de fin d’année se sont massivement mobilisés pour choisir les conseillers des Assemblées municipales, communales et locales. Le Bénin renoue avec une vrai décentralisation basée sur l’élection des organes dirigeant des communes et une autonomie locale que beaucoup de pays nous enviaient.

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