La Commission sur le nouveau modèle de développement du Maroc et CGLU Afrique placent les territoires au centre pour un développement équilibré

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L’entrevue auquel ont pris part M. Mohamed EL Mahdi Gaouane, Directeur de Cabinet du Président de la Commission et Mlle Ihssane Guennoun, Chargée d’Etudes, a eu lieu au siège de la Commission à Hay Ryad, Rabat.

Le Secrétaire Général de CGLU Afrique s’est félicité de la clairvoyance de Sa Majesté le Roi Mohammed VI qui a pressenti le besoin de réfléchir  sur un nouveau modèle de développement pour le Maroc avant que la pandémie du COVID-19 en impose l’évidente nécessité partout dans le monde. Il a ensuite loué la manière efficace avec laquelle le Maroc gère la crise sanitaire liée à la pandémie COVID-19, et a tenu à exprimer les remerciements de la communauté des maires et responsables des collectivités territoriales d’Afrique pour la solidarité manifestée par le Royaume du Maroc à l’endroit des pays frères d’Afrique à travers l’envoi à ces pays d’équipements médicaux et de protection ainsi que de médicaments, au moment même où partout ailleurs dans le monde la pandémie a créé un réflexe de repli sur soi. M. Mbassi a ensuite rappelé le rôle important que le Gouvernement du Maroc a joué dans la création de CGLU Afrique. Il a notamment souligné le fait que depuis l’installation du siège de l’organisation en 2008 à Rabat au Maroc, CGLU Afrique n’a cessé de bénéficier d’appuis multiformes de la part du Gouvernement du Maroc et des collectivités territoriales et leurs associations représentatives, qui sont toutes membres de l’organisation continentale.

Lors de son congrès fondateur tenu en mai 2005 à Tshwane, capitale de la République d’Afrique du Sud, les membres de CGLU Afrique ont défini à l’organisation continentale des collectivités territoriales l’objectif général de contribuer à l’unité du continent et de promouvoir son développement à partir de la base. C’est cette orientation qui guide l’engagement et l’action des 48 associations nationales et des quelques 2000 villes et territoires à travers le continent regroupés au sein de CGLU Afrique.

Ce retour vers les territoires ou vers l’impulsion du développement à partir des territoires s’impose désormais comme incontournable pour tous les pays soucieux d’améliorer durablement le niveau et les conditions de vie des populations.

Cette réflexion a mûri au sein de CGLU Afrique au fil des Sommets Africités successifs, dont un des plus remarquables a eu lieu à Marrakech en décembre 2009, sous la houlette de Son Excellence Chakib Benmoussa, alors ministre de l’Intérieur du Royaume du Maroc.

Le Sommet Africités de 2009 à Marrakech a inscrit cet événement parmi les plus grandes plateformes internationales où sont débattues non seulement les questions de décentralisation et du rôle des collectivités territoriales, mais plus généralement l’apport et la perspective des collectivités territoriales dans la conception d’un nouveau modèle de développement.

Le Sommet de Marrakech en 2009 annonçait déjà cette ambition des collectivités territoriales africaines d’intervenir dans le débat sur le modèle de développement puisque le thème retenu alors était : “La réponse des collectivités locales et régionales africaines à la crise globale : promouvoir le développement local durable et l’emploi”.

Lors du Sommet Africités tenu à Dakar, Sénégal, en 2012, le thème retenu, “construire l’unité de l’Afrique à partir de ses territoires” affirmait la volonté des membres de CGLU Afrique de prendre une plus grande part dans la dynamique de développement et d’intégration du continent.

En 2015, au Sommet Africités de Johannesburg, Afrique du Sud, CGLU Afrique attirait l’attention sur la nécessité de mieux prendre en compte la contribution des villes et territoires dans la transformation structurelle du continent promue par l’Agenda 2063 de l’Union Africaine.

Et, au cours de la huitième édition du Sommet Africités tenue à Marrakech en 2018, était débattue la question de la transition vers des villes et territoires durables, question désormais à l’ordre du jour des réflexions au niveau mondial.

Cinq points d’attention sont apparus comme autant de leviers d’action pour amorcer cette transition vers les villes et territoires durables :

  1. Mobiliser les femmes et les jeunes comme forces motrices de la transformation des sociétés africaines. La mise en place par CGLU Afrique du Réseau des Femmes élues locales d’Afrique (REFELA) et du Réseau Africain des Jeunes Élus des collectivités territoriales est une réponse à cet égard ;
  2. Prendre en compte la nécessité d’impliquer les collectivités territoriales dans l’action climatique pour en augmenter l’ambition et l’impact. CGLU Afrique a mis en place, à cet effet, une « Task Force Climat » pour promouvoir la territorialisation des Contributions Déterminées au niveau National (CDNs) en application de l’Accord de Paris et une démarche de bas vers le haut d’élaboration des CDNs commençant par la définition des Contributions Déterminées au niveau Local (CDL) ;
  3. Faire plus d’efforts en faveur de la gestion de l’urbanisation en s’appuyant davantage sur la capacité des autorités publiques à mettre en œuvre la planification urbaine et l’aménagement du territoire. Une série d’accords de partenariat ont été conclus dans ce domaine lors du Sommet Africités 2018 entre : Casablanca et Abidjan, Côte d’Ivoire ; Rabat et Dakar, Sénégal ; Marrakech et Yaoundé, Cameroun ; Dakhla et Rufisque, Sénégal ; Essaouira et Jinja, Ouganda ; Al Hoceima et Abomey, Bénin; El Jadida et Sousse., Tunisie. Ces conventions ont été co-signées par ONU Habitat, CGLU Afrique, et MAJAL, l’association des agences urbaines du Maroc. Une convention spécifique a également été conclue entre CGLU Afrique, MAJAL, et la Holding Al Omrane pour le suivi de la mise en œuvre desdites conventions de partenariat;
  4. Impliquer les collectivités territoriales dans la gestion de la migration et dans le suivi du Pacte Mondial pour des migrations sûres, ordonnées, et régulières. À cet, a été adopté lors du Sommet Africités 2018, une Charte des Collectivités territoriales d’Afrique sur la migration qui définit les préconisations des autorités territoriales en cette matière;
  5. Promouvoir la culture comme quatrième pilier du développement local durable, notamment à travers la célébration des capitales africaines de la culture. La ville de Rabat a été choisie pour être la première capitale africaine de la culture pour les années 2020 et 2021.

La neuvième édition du Sommet Africites prévue du 16 au 20 novembre 2021 à Kisumu au Kenya, va débattre du rôle des villes intermédiaires dans la mise en œuvre de l’Agenda 2030 des Nations Unies des Objectifs de Développement Durables (ODD), et de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine. C’est la première fois que le Sommet Africités sera accueilli dans une ville dite secondaire. Il s’agit à la fois d’un signe et d’un message, celui d’accorder une attention plus grande à ce niveau de collectivités territoriales qui accueille près du tiers de la population urbaine du continent, et dont les taux de croissance sont globalement plus importants que ce qui est observé au niveau des grandes villes ou des petites villes.

Le Secrétaire Général s’est félicité de ce qu’enfin le message sur la territorialisation des politiques publiques et sur l’impulsion du développement à partir des territoires soit à nouveau audible, alors qu’au cours des 30 dernières années la doxa voulait que le développement soit impulsé d’abord et avant tout par l’insertion du pays dans la dynamique de l’économie mondialisée.

Le Secrétaire Général de CGLU Afrique a terminé son propos en félicitant le Maroc pour la brillante élection comme Président de l’organisation mondiale des Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU Monde), du Dr. Mohamed Boudra, Maire de Al Hoceima, Président de l’Association Marocaine des Présidents des Conseils Communaux (AMPCC), Vice-Président de CGLU Afrique pour la Région Afrique du Nord. Cette élection qui a eu lieu lors du Congrès Mondial de CGLU tenu en novembre 2019 à Durban en Afrique du Sud, n’aurait pas été possible sans une mobilisation remarquable et déterminante des maires et autorités locales de l’ensemble du continent africain, aux côtés de leurs collègues marocains.

Pour les élus africains, le choix porté sur un Maire marocain pour présider pour trois années (de 2020 à 2022) aux destinées de l’organisation mondiale des autorités territoriales, manifeste la reconnaissance du rôle majeur que joue le Royaume dans la promotion de la gouvernance décentralisée sur le continent ; mais aussi d’un développement plus responsable au plan énergétique et écologique. Le succès de la COP 22 tenue en novembre 2016 à Marrakech, et les importantes initiatives que Sa Majesté le Roi Mohammed VI a lancées à cette occasion en faveur de la coopération interafricaine dans le domaine du climat, ont définitivement installé le Maroc parmi les pays les plus en pointe sur le continent pour amorcer la transition vers un développement bas carbone.

Les élus locaux africains appellent de leurs vœux la réception officielle du Dr. Boudra et du Bureau Mondial de CGLU par les plus hautes autorités du Royaume du Maroc pour marquer l’honneur ainsi fait au continent de voir un de ses fils être la figure représentative des maires et autorités territoriales du Monde.

En réponse aux propos du Secrétaire Général de CGLU Afrique, le Président de la Commission sur le nouveau modèle de développement du Maroc a souligné combien le Maroc revendique son ancrage africain pour lequel une volonté forte est portée au plus haut niveau de l’Etat par Sa Majesté le Roi Mohammed VI.

Son Excellence Monsieur Chakib Benmoussa a aussi confirmé combien la question des territoires tient une place importante dans les travaux de la Commission. Tout en étant ouvert au monde, le Maroc considère en effet qu’un fort ancrage territorial est nécessaire pour envisager un développement équilibré. C’est au niveau des territoires que l’on prend conscience de l’importance de la biodiversité et du caractère limité des ressources naturelles. Il y a une sorte de paradoxe de vouloir poursuivre une croissance économique illimitée alors qu’on sait que les ressources naturelles sont limitées.

L’intégration de la dimension durabilité et limitation des ressources naturelles signifie que les contextes locaux doivent être mieux pris en considération pour définir le contenu et les trajectoires de développement. Concrètement cela veut dire qu’il faut moins de politiques top-down et plus de politiques bottom-up. C’est cette évolution dans les approches qui inspire la méthodologie suivie par la Commission qui accorde une grande place à l’écoute des acteurs de terrain. C’est en effet au niveau des territoires qu’il faut créer les conditions favorables pour porter les valeurs partagées avec les populations concernées.

Au plan culturel, le Maroc cultive et célèbre sa diversité culturelle qui est source de richesse pour le pays, participe à son rayonnement et à l’affirmation de son identité. L’Afrique a un patrimoine matériel et immatériel extrêmement riche qui doit être reconnu, protégé et promu. Il faut pour cela que les pays africains travaillent la main dans la main. La proposition de la célébration des capitales africaines de la culture est une initiative tout à fait essentielle pour renforcer les liens culturels entre nos pays et contribuer à mieux à enrichir le patrimoine culturel de l’humanité par l’apport de l’Afrique.

La dimension de l’inclusion est aussi au cœur du travail de la Commission, car cette préoccupation se retrouve dans toutes les collectivités territoriales ou nationales. Il y a partout des populations en situation de vulnérabilité, et CGLU Afrique a raison de pointer l’attention qui doit être accordée sur la migration. La migration raisonnée nécessite en effet une autre approche de l’inclusion et du vivre ensemble. Elle met aussi en exergue la nécessité de regarder la migration non plus seulement sous l’angle sécuritaire mais aussi pour son apport pour le développement, la circulation des connaissances et l’amitié entre les peuples.

Concernant la gestion de l’urbanisation, les villes quelle que soit leur taille font face à de nombreux défis en matière d’emplois, de développement des activités économiques ou vis-à-vis des attentes sociales. Sans mécanismes de régulation, les villes moyennes pourraient être les perdantes de l’insertion des pays dans l’économie mondialisée. Elles doivent en conséquence   s’organiser en réseaux pour peser, et s’attacher avant tout à la valorisation de leur hinterland.

Le Président de la Commission a conclu que beaucoup des réflexions conduites par CGLU Afrique sont également à l’agenda de la Commission sur le nouveau modèle de développement du Maroc. C’est pourquoi, a affirmé le Président, il est nécessaire de poursuivre les échanges entamés  entre les deux parties.

Pour de plus amples informations veuillez contacter :

Gaëlle Yomi : Tél : + 212 610 56 71 45

E-mail : gyomi@uclga.org

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