Budget/Exécution des investissements dans les communes: seulement 6,44 milliards de francs Cfa dépensés au premier semestre 2024, soit 3,79 % des prévisions annuelles

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La lenteur observée dans l’exécution budgétaire, particulièrement les dépenses d’investissement des communes du Benin, déjà en 2022, en 2023 et maintenant en 2024 devient alarmante ; c’est à la limite inconcevable lorsqu’on sait tous les maux dont souffrent les collectivités locales qu’elles soient à statuts particuliers, intermédiaires ou ordinaires. En attendant un dossier pour comprendre ce qui cloche, la synthèse de l’exécution de l’investissement dans les communes est un tableau noir d’incompréhension et de questionnements.

Le point des dépenses de toutes les 77 communes du Bénin au premier semestre 2024 est de 6,44 milliards de francs Cfa, soit 3,79 % des prévisions annuelles. C’est du moins ce qu’il faut retenir des dernières données publiées par la Direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique (Dgtcp). Cette incapacité des communes à consommer leur budget en dépit des défis socioéconomiques qu’elles connaissent  doit faire objet de mesures correctives urgentes pour l’atteinte des objectifs réels de développement local durable.

Selon la Note de conjoncture des finances locales du Bénin, les dépenses d’investissement au premier trimestre 2024 s’élèvent à 2,37 milliards et 4,07 milliards F Cfa pour le deuxième trimestre 2024 (Dgtcp, juillet 2024) alors que les principaux postes de dépenses sont les terrains, les constructions et les équipements. Toujours selon le document, les communes ordinaires ont réalisé 6,3 % des dépenses d’investissement pour le compte de l’année 2024 alors que les  communes à statut intermédiaire ont atteint 2,59 % et moins de 1 % soit 350 millions F Cfa pour les communes à statut particulier sur les 37,8 milliards prévus en 2024.

…Pourtant 91,4 % des transferts au deuxième trimestre 2024 effectués aux communes ordinaires

Les recettes d’investissement au deuxième trimestre 2024 se sont élevées à 4,8 milliards F Cfa, en légère hausse de 16,9 % par rapport aux transferts reçus à la même période en 2023. Comme l’année précédente, les communes ordinaires ont bénéficié de la majorité des subventions, avec 3,7 milliards F Cfa soit 91,4 % des transferts au deuxième trimestre 2024. Bien que les subventions et dotations d’investissement mobilisées atteignent 10,89 milliards F Cfa sur les 48,21 milliards F Cfa prévus dans les budgets primitifs 2024, soit un taux de réalisation de 22,59 %, ces montants restent insuffisants pour rattraper le retard enregistré.

Plus de 84 milliards F Cfa en reports de ressources

Au début de l’exercice budgétaire 2024, les communes disposaient de plus de 84 milliards F Cfa en reports de ressources, dont 22,68 milliards (32 % des reports) sont à réaliser en dépenses d’investissement, d’après la direction de la Production des Comptes publics à la Dgtcp. Les ressources reportées s’élèvent à 42,58 milliards F Cfa pour les communes ordinaires, 28,65 milliards pour les communes à statut intermédiaire et 13,15 milliards pour les communes à statut particulier. Les dépenses d’investissement, pourtant urgentes, varient de 0,04 à 1,02 milliard F Cfa, malgré des ressources disponibles allant de 4,10 à 13,23 milliards F Cfa. Tenez : les communes du Borgou n’ont utilisé que 1,02 milliard sur les 12,12 milliards disponibles. Quant aux communes du département de l’Alibori sur les 13,23 milliards F Cfa disponibles au 30 juin 2024, elles n’ont dépensé que 0,53 milliard.

La situation inquiète…

Les prévisions de recettes de la section investissement pour l’année 2024 s’élèvent à 163,12 milliards F Cfa, soit une légère augmentation de 1 % par rapport à l’année précédente. Les acteurs communaux doivent se surpasser pour rattraper les retards et atteindre les prévisions budgétaires en matière de dépenses d’investissement. Après les faibles performances observées en 2022, 2023 et maintenant 2024, les retards dans l’exécution des investissements et la faible mobilisation des ressources restent les goulots d’étranglement au développement local. La Direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique (Dgtcp) a prévu des sessions de formation pour les acteurs communaux impliqués dans la chaîne de recouvrement des recettes non fiscales. La synergie entre ces acteurs devrait permettre d’inverser cette tendance et rattraper le retard jusque-là observé.

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