A propos de son élection à la tête de la commune : « …c’est le fruit d’un consensus populaire et facilité par la volonté de nos aînés en politique qui, il faut le reconnaître, sont des tresseurs de cordes » explique BANI CHABI Tidjani, maire de Kalalé.

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C’est le plus jeune maire du Bénin à  l’issue des élections de 2020 où il n‘avait que 28 ans. Il s’appelle  BANI CHABI Tidjani, Climatologue, Maire de la commune de Kalalé et Président en exercice de l’Association pour le Développement des Communes du Borgou (ADéCoB). Des bancs de la fac au fauteuil douillet de la mairie de Kalalé, ce prodige politique prend très vite ses marques et conduit avec dextérité le destin de cette commune. Qu’est ce qui a vraiment changé sous BANI CHABI Tidjani ? Les acquis et les défis de la cité des Bio Mansa, les perspectives politiques du jeune maire…, on en discute dans cette interview, une initiative de l’Hebdo Le Municipal à travers son site d’informations en ligne www.lemondelocal.com.

Le Municipal : Dites-nous, comment se porte Kalalé ?

BANI CHABI Tidjani : Chaque jour, les populations de la commune de Kalalé se lève avec l’ambition et la volonté de faire quelque chose de plus que la veille, quelque chose de nouveau pour améliorer leurs conditions de vie. Je vous parle là d’un peuple travailleur, conscient des enjeux de son développement et surtout ouvert au progrès. Voilà l’état d’esprit qui règne dans la cité des Bio Mansa.

Votre commune est devenue une véritable attraction à la sortie des élections municipales et communales du 17 mai 2020.  Etudiant de 28 ans vous êtes le plus jeune des 77 maires que compte le Bénin. C’est inédit : militantisme récompensé ou effet de hasard ? 

A Kalalé se trouve le village de notre Héros National Bio Guerra. Kalalé, c’est la forêt classée des « trois rivières », c’est la rivière de crocodile à Bessassi, et c’est aussi la première commune du Bénin en matière de cheptel. C’est pour dire qu’il y avait depuis des lustres plus d’une raison pour que notre commune soit une véritable attraction ! Mais qu’à cela ne tienne, un an avant mon élection à la tête de la Mairie de Kalalé, notre commune avait fait élire un jeune député à 32 ans, membre du bureau d’âge de la 8e législature du parlement béninois. On peut dire que c’est inédit. Mais au-delà, c’est le fruit d’un consensus populaire et facilité par la volonté de nos aînés en politique qui, il faut le reconnaître, sont des tresseurs de cordes. Mais tout ceci aurait-il pu être possible sans la volonté de Dieu ? Nous sommes reconnaissant pout tout ça.

Comment vivez-vous cette expérience ; je veux surtout parler de l’ambiance au sein du conseil communal ainsi que du personnel administratif ?

Je vous disais tantôt que nous sommes dans une commune ouverte au progrès. Le progrès porté et incarné par mon parti l’Union Progressiste le Renouveau depuis le 17 mai 2020 a été dès le début adopté par tous les acteurs sociaux de Kalalé. La culture et la pratique politique dans la commune sont telles qu’après les élections tout le monde se met en ordre de bataille pour le développement de la commune. Nous avons la chance d’avoir un Conseil Communal et un personnel administratif engagés et rompus à la tâche. Cela nous aide beaucoup.

Monsieur le maire, qu’est ce qui a vraiment changé à Kalalé sous votre mandature qui a valeur d’un acquis ?

Depuis l’avènement de la décentralisation, les communes font leur propre chemin vers le développement local. Ce n’est pas aisé lorsqu’on sait combien les défis sont nombreux au niveau local avec des ressources très limitées. Néanmoins, nous ne sommes pas restés en marge des efforts entrepris par nos prédécesseurs. Avec les réformes dans le secteur de la décentralisation qui ont doté les communes davantage de cadres qualifiés et d’expérience, nous avons pu insuffler un nouveau style de gouvernance basé sur la qualité et la célérité du service public à la mairie et dans tous ses services. Il était primordial d’instaurer une administration de développement qui reste à l’écoute et au service des usagers. Nous pensons que c’est un changement majeur. Nous avons désormais notre radio locale « Gbassi FM » qui est opérationnelle et porte la voix des communautés. En juin dernier, nous avons présentés un bilan de différentes réalisations qui ont vu le jour sous notre mandature tant sous fonds propres que par le financement du gouvernement et des PTFs. Au-delà de la construction de nouvelles infrastructure sociocommunautaires de base (infrastructures marchandes, centre de santé, salle de classe, etc.), une dizaine de nouvelles localités ont été raccordé au réseau électrique de la SBEE et quatre mini-centrales électriques solaires ont été construites pour la fourniture en électricité des villages reculés ; une vingtaine d’antennes relais ont été implantées pour une meilleure couverture téléphonique de la commune et 134 réalisations dans le secteurs de l’eau ont été faites grâce aux plaidoyers auprès des partenaires techniques et financiers. Le 26 juillet dernier, notre commune a été distinguée lors du Prix d’Excellence de Leadership Local de l’UEMOA pour son initiative innovante d’urbanisation de 14 de ses localités. Il y a donc beaucoup de choses intéressantes qui se passent à Kalalé. Nous invitons d’ailleurs les investisseurs et porteurs de projets à venir découvrir la ville et ses potentialités. Ils y trouveront des raisons de s’engager à nos côtés pour le développement.

Quels sont les grands défis de votre commune ?

Les défis sont nombreux, les uns aussi importants et urgents que les autres. Mais le bitumage de la route Nikki-Kalalé est une préoccupation majeure des populations de Kalalé. Cela permettra de désenclaver la commune et surtout de faciliter l’écoulement des différentes productions locales. A l’intérieur de la commune, la construction des ouvrages de franchissement sont aussi nécessaires que l’extension du réseau électrique et d’accès à l’eau potable. En tant que commune qui aspire à devenir un pôle agropastoral majeur du  pays, l’accès des jeunes et des femmes aux divers instruments de financement de l’agriculture et de l’entrepreneuriat reste un défi auquel nous nous attelons au quotidien. Il faut financer les initiatives locales, investir dans la production locale et sa transformation sur place. Nous aider à relever ces défis est rentable car nous sommes une commune pleine de potentialité et surtout avec le vaste marché de consommation nigérian à proximité.

 A travers, son Conseil des Ministres du mercredi 10 Mai 2023, le Gouvernement a annoncé le démarrage des travaux d’aménagement et de bitumage de plusieurs routes dont l’axe Nikki-Kalalé-Ségbana. Quelles seront les retombées de ces travaux de bitumage sur Kalalé ? A quel niveau d’avancement se trouvent ces travaux, à date ?

Les activités ont démarré depuis bientôt un an. Les études techniques étant bouclées, la base de l’entreprise a été installée et les premiers travaux de terrain ont débuté. On peut dire que les choses évoluent normalement. Notre souhait est que les travaux avancent le plus rapidement que possible et nos différentes rencontres avec les parties prenantes nous donnent de l’espoir dans ce sens. Car le bitumage de cette route permettra d’améliorer la connectivité avec la commune, de stimuler et diversifier l’économie locale.

Kalalé est une commune frontalière avec le Nigéria qui n’est pas épargnée des attaques terroristes. Les forces armées et de défense sont d’ailleurs déployées dans la zone pour le maintien de l’ordre et de la sécurité. Ils ont d’ailleurs repoussé plusieurs attaques. Aujourd’hui quelle est la situation ?

La sécurité des personnes et des biens est un enjeu majeur dans nos pays. Depuis les incursions terroristes sur notre territoire, notre gouvernement n’a pas tardé à mettre en place une réponse à la hauteur du mal. C’est l’occasion pour nous d’adresser notre reconnaissance au FDS pour leur sacrifice et l’honneur qu’ils font au drapeau. Aujourd’hui, il règne une quiétude au sein de la commune et nous travaillons ensemble avec la population et toutes les parties prenantes pour que la commune demeure sécurisée.

Vous êtes le président de l’ADECOB, l’intercommunalité du département du Borgou. Quels sont les projets phares sur lesquels vous travaillez ?

En effet, après avoir été Vice-président, chargé du suivi-évaluation, de la capitalisation et de la gestion des connaissances en 2021, j’ai eu l’immense honneur d’être désigné par mes paires en tant que Président de l’ADECOB cette année. Dans le cadre de la mise en œuvre de son plan stratégie 2021-2025, l’ADECOB avec l’appui de ses partenaires stratégiques pilote plusieurs projets/programmes d’envergure parmi lesquels on peut citer : le Programme d’Appui à la Gouvernance locale et au renforcement de l’Attractivité Territoriale (AGORA) et le Programme de Développement des Infrastructures Économiques et Marchandes (PDIEM-3) avec la Coopération Suisse ; le Projet d’Appui au Développement des Investissements Agricoles Productifs (PADIAP) financé par l’Agence Française de Développement ; le Projet d’appui à la Transition Agroécologique dans les Zones Cotonnières – Phase 2 (TAZCO2) financé par l’Agence Française de Développement  ; le Programme Approche Communale pour le Marché Agricole au Bénin phase 3 (ACMA3) financé par l’ Ambassade du Royaume des Pays-Bas près le Benin ; le Projet de mise en place d’unités de production d’aliments pour bétail au Bénin financé par l’Agence Régionale pour l’Agriculture et l’Alimentation (ARAA)  de la CEDEAO ; le Projet Intégration Organisationnelle de la Sensibilité aux Conflits financé par la Fondation Peace Nexus; le Projet Réforme des Finances publiques pour l’atteinte des ODD et le Renforcement de la Mobilisation des recettes de l’Etat (ReFORME) financé par la Coopération Allemande.

Au-delà de la gestion des contrats pour la mise en œuvre des projets, l’ADECOB a intégré l’Association Internationale des Maires Francophones (AIMF) en 2023 et de l’Association Internationale des Régions Francophones (AIRF) en 2024. Il s’agit de vastes réseaux qui offrent des opportunités d’échanges d’expériences et d’apprentissage, mais aussi de captations de ressources à l’international pour l’ADECOB et ses communes membres.

Une question un peu indiscrète : comptez-vous rempiler pour les prochaines élections communales ?

Nous sommes membre de la plus grande et plus importante formation politique du Bénin qui est l’Union Progressiste le Renouveau. Nous disposons en notre sein du mécanisme et des instances qui connaissent des questions de ce genre. Et au moment venu, vous aurez les informations officielles du parti qui ne sont rien d’autres que la volonté et l’expression souveraine de ses militantes et militants.

Merci monsieur le maire. Un dernier mot pour conclure cet entretien.

Merci à votre quotidien qui fait un travail formidable dans la mise en lumière des efforts de développement au niveau local. Nous vous encourageons à continuer par être ce partenaire fiable pour le développement de nos communautés. Nous voudrions clore nos propos en invitant les investisseurs et autres porteurs de projets à venir découvrir la commune de Kalalé et ses opportunités.

                                                                                                      Interview réalisée par Irédé David R. KABA

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