COP des villes à Abidjan à l’initiative de l’AIMF : Les acteurs des villes exigent leur implication dans la gestion des enjeux climatiques et des défis du monde d’aujourd’hui
C’est la Salle François Louga du Palais de la Culture de Treichville à Abidjan qui a abrité la cérémonie d’ouverture solennelle de cette noble initiative de l’AIMF de réunir les acteurs des villes autour des grands enjeux de développement de la planète, notamment le climat. Les travaux se sont également déroulés dans la même salle les 1er et 2 juillet 2022 avec la participation des acteurs institutionnels et des experts.
Quand le Ministre-Gouverneur du District Autonome d’Abidjan, Robert Beugré Mambé, se remémore le plaidoyer du Président Ouattara…
A l’entame de son allocution, Robert Beugré Mambé a planté le décor en faisant le lien entre la COP des villes et la COP 15. « Il y a environ quatre semaines, (Ndlr : du 9 au 20 mai 2022, Abidjan a abrité la COP 15 (15e Conférence des parties à la convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification)) se tenait sur les bords de la lagune Ebrié, une grande réunion des Nations Unies qui a regroupé plus de 7000 participants venus de 196 nations et qui a permis au monde entier de prendre conscience des efforts à fournir pour protéger la planète contre la désertification et l’obsolescence des terres de culture. Son excellence Monsieur le président de la République, Alassane Ouattara, nous alertait une fois de plus par ces mots et je cite « notre sommet se tient dans un contexte d’urgence climatique. La dégradation des sols affecte 52% des terres agricoles et menace plus de 2 milliards et demi de personnes ». Poursuivant son intervention, le Ministre-Gouverneur d’Abidjan se souvient qu’en «2015, lors de la Cop 21 à Paris, un sommet de plus de 1000 maires venus du monde entier avait permis aux négociateurs du budget d’élaborer une déclaration commune qui intègre les villes comme acteurs clés de la lutte contre le réchauffement climatique ». Pour lui, la proportion des émissions de gaz à effet de serre issue des villes varie de 60 à 70% selon le modèle de calcul pris en compte. De plus, la réalité de l’impact des effets de changement climatique sur les villes et sur les habitants est bien perceptible. Ce sont entre autres la pollution de l’air, les ilots de chaleur, l’élévation du niveau de la mer et l’augmentation fréquente des inondations. L’actualité climatique a servi de base à la démonstration du ministre-gouverneur : « A-t-on besoin d’aller loin pour savoir que c’est la réalité ? En effet, depuis quelques jours et plus particulièrement avant-hier, Abidjan a été prise d’assaut par les eaux et monsieur le premier Ministre avec qui vous vous êtes longuement entretenu a réuni le Ministre gouverneur d’Abidjan et tous les maires d’Abidjan pour passer en revue ces situations d’alerte et prendre des mesures qui s’imposent en vue de protéger nos populations. A cette occasion, les météorologues nationaux ont mis en évidence la réalité que voici. En effet, les pluies qui sont tombées sur Abidjan avant-hier (Ndlr : le 29 juin 2022) ont donné plus de 290 millimètres de hauteur de pluie. Ce qui ne s’est jamais vu depuis plus de 30 ans dans la capitale économique ivoirienne. Le niveau de pluviométrie à partir de duquel les inondations apparaissent est de 50 millimètres. La pluie nous a servi 290 millimètres soit près de 6 fois plus que d’habitude. Certains ouvrages ont fonctionné, très bien fonctionné, d’autres ont moyennement fonctionné, d’autre encore n’ont pas fonctionné du tout pour des raisons que nous avons examiné en détail hier lors de la réunion avec monsieur le premier Ministre. Il apparait que nous devons nous aussi population faire de grands efforts pour nous protéger nous-mêmes parce que il n’est pas bon de jeter des objets solides ou des ordures solides dans les caniveaux et de boucher les avaloires qui permettent à la pluie d’être évacuée. Mais au-delà de cela, nous avons compris qu’il faut être beaucoup plus vigilant. C’est pourquoi la présence de monsieur le Ministre de l’intérieur et de la sécurité ce matin à nos assises du Ministre de la construction et de l’urbanisme et logement, du Ministre de l’environnement ; leur présence est une chance pour nous parce que ensemble à travers leur collaborateur, nous allons identifier les mesures que chacun de nous doit prendre pour protéger les populations. Quelques pistes de réflexion ont été identifiées. La première piste c’est pour les ingénieurs. Dorénavant il faut tenir compte de ce qu’on appelle les périodes de retour des pluies que nous prenons en compte pour les calculs, ces périodes peuvent être dépassées largement parce que les hommes ont dégradé la nature qui a perdu pieds donc la pluie apparait n’importe comment et n’importe quand. La deuxième mesure que nous devons prendre au niveau de la gestion de nos villes, c’est de permettre à chaque ville de se doter d’un plan climat. Grâce au C40 dont les responsables sont ici présents, Abidjan a déjà son plan climat avec de nombreuses actions mises en évidence avec le concours du ministère de l’Environnement et le soutien très fort de monsieur le Ministre de la construction, de l’urbanisme et du logement. Abidjan a son plan climat que nous allons commencer à mettre en application. La troisième mesure qui est recommandée, c’est de s’appuyer sur ce que nous appelons l’économie circulaire qui veut dire que les ordures qui sortent de nos maisons doivent être classées par ordures liquides, ordures solides, ordures métalliques, les plastiques et les verres parce que par l’économie circulaire, les ingénieurs, les scientifiques, les maires et les populations peuvent réutiliser les matériaux pour créer d’autres objets de consommation. La quatrième mesure c’est de mettre l’accent sur les exigences des modalités de financement des infrastructures urbaines. Ici, nous allons demander que désormais, le financement de toutes les infrastructures urbaines s’appuie sur des durées de remboursement à long terme et avec des taux d’intérêt consensuels parce que c’est pour protéger les populations et non pour gagner de l’argent de sorte que les durées de remboursement allant de 25 à 30ans avec des taux d’intérêt consensuels seraient très intéressants pour les infrastructures urbaines et c’est ce que nous allons négocier et c’est ce que nous préconisons. La dernière chose que nous voulons proposer, c’est de faire en sorte que chacun ne soit pas intelligent lui seul. C’est ensemble que nous serons très intelligents. Seul on est intelligent mais à plusieurs on est très intelligent.
Anas Seko, un activiste pour le climat exprime son cri de cœur
« Les activités humaines ont plongé le monde dans la plus grande menace pouvant conduire à l’extinction des espèces, le réchauffement climatique. L’élévation de la température à la surface de la terre a des conséquences désastreuses ». Aucun continent ne sera épargné. L’Afrique, malgré sa faible contribution au changement climatique est sans doute selon action climat « la région la plus vulnérable au monde compte tenu des niveaux élevés de pauvreté qu’elle enregistre. En l’absence d’argent, de biens et de services en quantité suffisant, il sera de plus en plus difficile pour les pauvres de s’adapter au changement climatique qui exerce une pression sur les denrées ».
Il finit son développement par un appel à la prise de conscience, à la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs, au développement de la résilience de ceux qui sont déjà affectés par le réchauffement climatique (les jeunes, les pauvres, les enfants, les agriculteurs, etc…) et à la tenue des engagements de l’accord de Paris vis-à-vis des pays en voie de développement.
A sa suite, Martial Breton, après avoir fait l’état des lieux de la situation du réchauffement climatique appelle également à une prise de conscience participative et à la sensibilisation.
Madame Maïmouna MOUCHARIFOU, Directrice UN HABITAT FOR A BETTER URBAN FUTURE : « une action urbaine est essentielle si l’on veut maintenir à 1,5° degré le réchauffement climatique ».
Après son mot de remerciement s’est accentué sur la gouvernance climatique multi-niveaux qui est devenue essentielle. « Cette année, les deux rapports du GIEC ont clairement montré qu’une action urbaine est essentielle si l’on veut maintenir à 1,5° degré le réchauffement climatique et amorcer la résilience climatique. Les émissions de GES en zones urbaines augmentent. Le rapport montre que la part mondiale attribuée aux émissions urbaines est passée de 62% en 2015 à 72% en 2020. Les villes sont de plus en plus affectées par de très fortes chaleurs, des incendies, des orages et des inondations. Les villes ne peuvent œuvrer seules et isolément. Elles doivent aussi agir sous la conduite de responsables avisés. Elles doivent affronter ensemble le changement climatique. Mais pour obtenir cette compétence et faire bouger l’aiguille climatique, des mécanismes permettant de reproduire les meilleures pratiques et faciliter l’accès local au financement climatique sont requis, soit un cadre national pour agir localement pour tous. De nombreuses villes avancent plus vite, que leurs gouvernements nationaux respectifs dans l’élaboration et la mise en œuvre d’objectif ‘‘zéro’’ et de dispositif de résilience. Ce combat serait profitable si les mesures et initiatives mondiales, nationales et locales étaient harmonisées et complémentaires. Il y a une opportunité de porter la gouvernance climatique multi-niveaux à un niveau supérieur et de consolider l’action climatique locale ».
Pourquoi une COP des villes, la réponse de Anne Hidalgo, présidente de l’AIMF, Maire de Paris
« Il y a urgence et il faut agir en créant des alliances, pour faire en sorte qu’entre les Etats, les villes, les pouvoirs locaux, qui ne sont pas des contres pouvoirs, car tous ces acteurs sont interdépendants, il faut créer des alliances entre les différents niveaux de pouvoir et des alliances avec la population. Ainsi, un accent particulier est mis sur la jeunesse, les citoyens, les ONG, le monde économique qui doivent comprendre que l’avenir ne passe pas par les solutions du passé, mais plutôt par la compréhension des nouveaux défis et des nouveaux enjeux. Les investissements doivent être orientés, réorientés vers la transition écologique qui est absolument indispensable. L’Afrique étant l’avenir de l’humanité et spécifiquement impactée par les problèmes de réchauffement climatique, doit être la cible la plus importante et majeure en termes d’orientation de financement afin de réduire cette crise. Plusieurs plaidoyers à l’échelle locale et mondiale ont été notés grâce à l’implication de la communauté scientifique de GEC. Le défi du siècle qui est climatique, conditionne tous les autres. La vocation de cette COP des villes est de réunir les Etats, les villes, les collectivités territoriales, les scientifiques, les ONG, les jeunes et les femmes pour des alliances d’actions. Elle exhorte à une coalition qui doit faire bouger les choses, s’imposer pacifiquement par la raison, l’étude, la recherche de solution commune ». L’absence d’engagement et de diplomatie mondiale dans le processus de l’accord de Paris sur la question du climat n’a pas fait évolué les choses selon la Maire de Paris. C’est pourquoi, Anne Hidalgo met l’accent sur « la création d’un tribunal international pénal qui puisse se pencher sur les responsabilités des pollueurs qui ne peuvent pas s’exonérer de leurs responsabilités. Il faudra qu’à l’échelle internationale, cela existe ». Cette sollicitation ne peut voir le jour que si chacun se mêle de la conversation mondiale et en portant la voix des citoyennes et citoyens. Pour conclure, la Présidente de l’AIMF appelle à la prise de conscience des responsabilités en harmonie avec la nature et l’environnement.
Intervention du vice-président de la République de Côte d’Ivoire
« Le dérèglement climatique demeure l’un des plus grands défis de l’humanité, particulièrement au cours des trois dernières décennies » déclare d’entrée de jeu Tiémoko Meyliet Koné. Poursuivant son intervention, il revient sur les propos de son mentor, Alassane OUTTARA en septembre 2017 à l’occasion de la 72ème session l’Assemblée Générale des Nations Unies « le changement climatique constitue une réelle préoccupation. Nous devons agir vite et avec responsabilité si nous voulons préserver notre cadre de vie et notre planète ». Le dérèglement climatique continue d’accentuer la fréquence des événements météorologiques. Le monde assiste à la recrudescence des incendies, des inondations qui touchent les quatre coins du globe. Les importants investissements réalisés pour renforcer le réseau d’assainissement de la ville ne s’avère souvent pas renforcé et pour canaliser et drainer surtout des volumes d’eaux de plus en plus impressionnantes. Cela demande des efforts, des actions et surtout des mesures pour la protection de la population et l’amélioration du cadre de vie. Face aux défis du changement climatique, l’urgence conduit les Etats à améliorer les décisions et engagement en vue de trouver de solution à l’équilibre de notre planète. Dans ce cadre, la Côte d’Ivoire a revu à la hausse ses ambitions dans ces dernières contributions. A travers l’accélération des réformes forestières, foncières et énergétiques, le gouvernement ivoirien porte ses contributions à plus de 30% contre un niveau de 28% en 2015 à l’adoption de l’accord de Paris. Cela représente un coût global estimé à 22milliards de Dollar Américain. Ce besoin financier nécessite la pleine opérationnalité des mécanismes alternatifs et innovants de financement comme par exemple les Fonds Verts. En effet les villes du monde sont responsables de près de 70% d’émission global de gaz à effet de serre. Il faut par conséquent se réjouir de cette initiative qui vise à faire converger les actions et réflexions stratégiques afin d’agir durablement dans cette lutte contre le réchauffement climatique. En adoptant une approche écologique plus durable, et surtout des stratégies climatiques qui intègrent des projets inclusifs et résilients à savoir : la transition vers les énergies renouvelables, la gestion à écologiquement via les déchets en les intégrant dans une économie circulaire, une consommation éco-responsable, l’adoption des modes et de transport propre, le développement d’une agriculture durable et la mise en œuvre de la stratégie de préservation et de réhabilitation et d’extension des forêts ».
Quelques extraits des interventions des participants à la COP des villes de l’AIMF à ABidjan
Intervention du vice-président inter-gouvernemental d’Experts sur l’évolution du climat.
Il s’est appuyé sur le rapport de l’état des connaissances scientifiques, techniques, sociales et économiques des changements climatiques. « Ce travail tourne autour des groupes à savoir : la science du climat ; la vulnérabilité, l’impact et l’adaptation ; l’atténuation. Ces groupes indiquent que la science est très claire sur l’impact de l’homme dans les changements climatiques. Le groupe qui aborde la vulnérabilité, l’impact et l’adaptation, à travers les différents éléments. On observe l’apparition des villes comme étant des lieux et des territoires où se remarque les impacts des changements climatiques (inondations, chaleurs, sécheresses, difficultés d’approvisionnement en eau, la dégradation des infrastructures, etc…). Des pistes ont été proposées pour permettre de prendre des décisions face à ces situations déplorables qui s’observent dans ces villes ».
Intervention de Monsieur Luc GNACADJA, secrétaire exécutif de la COP sur la désertification
Après avoir défini le mot désertification, l’Expert béninois s’est intéressé aux défis qui sont : les changements climatiques, la perte de la biodiversité et la dégradation des terres qui affectent 52% des terres de la planète. L’urbanisation en Afrique étant très rapide, se manifeste à trois niveaux : la métropolisation, l’étalement des villes et l’absorbation de la croissance de la population urbaine par les petites et moyennes villes. Entre 2010 et 2050, la population urbaine Africaine va tripler d’où la multiplication par 5 de la population béninoise. Cinq caractéristiques déterminent l’ensemble des villes Africaines malgré leur diversité. Il s’agit de la jeunesse de la population, l’informalité des villes, la grande vulnérabilité aux changements climatiques, la vulnérabilité infrastructurelle et sociale, la faiblesse institutionnelle. L’urbanisation, le climat et la désertification sont trois (03) phénomènes liés mais l’empreinte écologique des villes et va au-delà de leur périmètre urbain. Des solutions ont été proposées pour remédier à ces phénomènes. Par rapport à l’Agenda 2030, pour atteindre l’objectif l’ODD 11 en Afrique, il faut trois (03) fois la réalisation de stock d’infrastructures ; il faut urbaniser les périphériques ; il faut que la ville soit consommatrice. Enfin, de prédatrice de la nature, il faut que les villes deviennent des entités qui maintiennent et restaurent la nature.
Intervention de Madame Fatimatou Abdel Malick, présidente du Conseil Régional de Nouakchott, présidente des Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique
Son développement s’est appuyé sur la pauvreté et l’insécurité alimentaire.
Ces deux points font référence à un préalable qui est la décentralisation dans les pays et qui nécessite à la fois un mandat et des moyens. Malheureusement, les pays ne sont pas au même niveau de décentralisation. Ce constat fait que les autorités locales ne sont pas suffisamment associées à la planification urbaine. Ce qui favorise l’étalement des villes dans des zones parfois inhabitables. C’est le cas de certaines villes de Nouakchott qui justement font face à cette difficulté précaire. L’absence de planification urbaine et la non implication des services de base relèvent d’un grand défi que tout un chacun doit s’organiser à relever. La mentalité de la population n’étant pas au même niveau est également à la base de certaines situations au sein des villes d’où l’importance de la communication et de la sensibilisation. Pour appréhender ces défis, il faut la mise à disposition des villes, des moyens et le mandat qu’il faut pour les autorités locales.
Intervention de Corinne Lepage, Co-présidente de Cap écologie ? Ancienne ministre française
Les Organisations Non Gouvernementales sont les entités qui font bouger les choses au niveau international. Plus de 2000 actions dans le monde visent à obtenir soit l’application des règles qui ont été générées par les différentes COP, soit des règles plus sévères en matière d’adaptation des règlements climatiques, soit des réparations des préjudices déjà qui se réclame aux Etats ou aux entreprises, soit des actions qui sont menées contre les entreprises et l’écoblanchiment. Les villes et les ONG jouent un rôle considérable en particulier les villes. Les villes Africaines ont besoin de moyens pour s’adapter, mais aussi du bénéfice d’actions efficaces de la part des autres pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Jour 2 de la COP des villes et quelques interventions de clôture
Intervention du Dr BIBANGA NJIWA MYMOZETTE, VICE PRESIDENTE DE CLIMATES MALI
« Il ne fait aucun doute que les changements climatiques sont une réalité. Pourtant ce sujet reste au second plan pour certains, méconnu pour d’autres et renié pour certains autres. Or la connaissance et la reconnaissance de ce problème par les terriens se révèlent capitale et s’avèrent nécessaire pour un résultat d’ampleur car chacun à son rôle à jouer. Climates Mali, association de jeunes activistes de la société civile, est engagé dans cette lutte et a mobilisé d’autres jeunes à se joindre à eux en posant des actions concrètes en faveur du climat pour contribuer à la création d’une ville écologique. Après plusieurs activités menées sur le terrain, les constats sont en amont. Ils se situent au niveau comportemental. On constate l’incrédulité des jeunes face aux questions du changement climatique, le désintéressement de certains élus locaux, les déjections dans le fleuve Niger, l’insalubrité dominé par les emballages plastiques, les dépotoirs d’ordures non contrôlés … Aux vues de la situation, les activistes de la société civile, investissent sans relâche pour induire un changement de comportement couplé à une meilleure connaissance du sujet par des sensibilisations, élément capital avant d’entamer toute initiative. Conscient que beaucoup a été fait par les gouvernants, dans la mesure de leurs moyens qui sont plutôt limités pour venir à bout de cette crise, les actions non étatiques sont indispensables et à promouvoir. Cela supposerait que les élus locaux veillent davantage à la prise en compte des définitions du développement durable dans leurs instances de décisions et de réalisations. En développant des cadres de collaboration avec les organisations de jeunes afin qu’ils soient impliqués à tous les niveaux dans les prises de décisions de la lutte contre les changements climatiques, il est vrai qu’avec une jeunesse engagée, on fera mieux et on ira encore plus loin avec dynamisme et innovation. Tout en félicitant l’initiative de cette COP des villes d’Abidjan, on espère que ce chemin aboutira à l’élaboration d’une feuille de route qui s’inscrira dans la mise en œuvre de cette COP et que ce sera le point de départ pour l’adoption des comportements saints et respectueux de l’environnement.
Intervention de THEOPHILE BONGARTS LEBBLE, Chef de projet Sea’ties à la Plateforme Océan & Climat
L’eau comme ressource, l’eau comme menace. L’océan est particulièrement impacté par les changements climatiques. 90% de la chaleur excédentaire émise dans l’atmosphère est réabsorbé par l’océan. 25% de CO2 émis sont aussi absorbés par l’océan, avec des conséquences extrêmement néfastes sur son fonctionnement. L’une d’entre elle qui aujourd’hui est au cœur de la discussion, est l’élévation de niveau de la mer. Le niveau de la mer monte et impacte l’ensemble des villes côtier installées sur le littoral. La question a commencé par être très clairement identifiée et une déclaration a été signée par une quarantaine de Maire de villes du monde entier sur la question.
Intervention du MAIRE D’ASSINIE
« Je vais d’abord commencer par présenter la commune d’Assinie. La commune d’Assinie est au sud-ouest de la Côte-d’Ivoire, une jeune commune. Elle existe depuis fin 2018 et elle a 20.000 habitants mais elle reçoit entre 3.000 et 5.000 visiteurs chaque week-end. Dès l’installation du conseil municipal, il avait pour objectif de mettre en place un plan stratégique et dans ce plan de développement de la commune, il y avait un pilier environnemental très important qui a été identifié. On attend que la commune de bordure de mer subisse un certain nombre d’aléas notamment l’érosion côtière, les submersions par des hautes vagues et aussi tout ce qui est pollution. Mais le plus dur qu’on constate est le drainage des eaux qui n’est pas encore maitrisé. Mais cette situation qu’on vit, elle est valable sur toute la côte et on est conscient que toutes nos villes côtières qui attirent du monde sont en danger si rien n’est fait. C’est pour ça qu’il était intéressant pour nous de travailler ensemble avec tous les Maires des villes côtières de Côte-d’Ivoire qui part d’Assinie jusqu’à San-Pédro soit 566 km de côte avec une vingtaine de Maire. Grâce au projet WACA de la Banque Mondiale qui a pour objectif de mobiliser tous les partenaires, nous avons pu nous rencontrer à deux ateliers. Un premier atelier en 2019 pour partager la loi qui a été promulguée en Côte-d’Ivoire et développer une interaction entre les villes et les acteurs institutionnels. Cette loi existe depuis 2017 mais n’était pas partagée. Donc nous avons eu un séminaire pour partager cette loi avec l’appui du projet WACA. Ainsi, nous avons identifié le rôle que chaque acteur et surtout comment est-ce que les actions doivent êtres concertés entre les différents niveaux de gouvernance. Le deuxième atelier qui a été le plus intéressant a eu lieu à Grand-Bassam avec toujours les 21 Maires et le projet WACA. A cet atelier, nous avons créé le réseau des Maires des côtes du littoral ivoirien. Ce réseau a été créé juridiquement puisqu’on a fait les statuts et règlements. On a identifié les objectifs et nous avons fait une déclaration qu’on appelle la déclaration de Grand-Bassam où les Maires s’engagent à véritablement lutter et s’impliquer dans la lutte contre le changement climatique. Pourquoi impliquer les Maires ? On le sait très bien. C’est parce que les Maires sont dans les entités plus proche des populations et ils connaissent les besoins des populations. L’intégration et le plan d’action que nous avons imaginée et qui va mobiliser les Maires de la Côte-d’Ivoire, c’est de bien identifier les activités humaines qui sont des facteurs aggravant les dérèglements climatiques et l’érosion etc… Nous savons tous que les populations détruisent de la mangrove pour faire du bois de chauffe par exemple mais on ne peut pas par un texte seulement interdire à la population de détruire la mangrove. Il faut leur trouver de la solution de remplacement pour que les femmes qui fument des poissons avec des bois de chauffe puissent avoir une solution alternative. C’est dans ces genres d’actions que les Maires vont s’engager. Notamment, nous sommes en train de travailler sur des fours qui utilisent de moins de bois. Dans le cas où la mangrove est déjà détruite, dans les programmes d’action, il est prévu de mettre en place le reboisement de ces mangroves qui vont nous aider justement à freiner l’érosion. Le deuxième axe du travail c’est les plans d’urbanisme d’assainissement et de drainage des eaux. Ce sont des activités qui nécessitent d’abord de bonnes études et aussi de gros financement. Donc en gros ce sont des actions qui nécessitent de financement et sont des actions identifiées par les maires pour qu’ils puissent eux-mêmes intervenir pour qu’on n’aggrave pas le phénomène du changement climatique.
Intervention du Maire de la ville de Douala
Douala est une ville côtière, une ville de l’eau qui est confrontée au même phénomène que d’autres villes en ce qui concerne les érosions côtières, les inondations, les marées, etc… Pour faire face à ces différents défis, des actions ont été initiées. Il s’agit de la restauration de la mangrove à travers des projets élaborés et mise en œuvre. Le premier porte sur le reboisement de la mangrove. Il y aussi une expérience de reboisement en cours avec Total Energie et qui est basée sur la restitution du stock sédimentaire, le programme d’eau à la clean city avec la plantation de plus 60.000 arbres et la mise en en œuvre d’un concept qui est simple. Ce concept consiste à planter chacun au moins un arbre sur des voies choisies. Pour faire face aux problèmes liés au forestier urbain dans la ville de Douala, deux projets sont en gestation qui doivent permettre de développer, de végétaliser davantage la ville. La reconversion d’une décharge qui est en fin de vie et saturée fait objet d’une sollicitation de l’AIMF afin de transformer ces décharges en une forêt urbain.
Une étude sur le climat futur de Paris
A Paris, une grande étude sur le climat futur a été publiée et le premier défi sera évidemment la gestion des canicules avec notamment des nuits très chaudes qui vont se multiplier d’ici 2030. Les scientifiques qui accompagnent la ville de Paris dans la définition des politiques de lutte contre le changement climatique n’excluent plus un pique de chaleur à 50°dans la ville. La responsabilité des élus locaux est de s’apprêter aux aléas climatiques extrêmes et d’adapter leur ville aux effets du changement climatique pour protéger les habitants. La stratégie mise en place concernant la ressource en eau est le choix depuis 2010 d’une gestion 100% public. La gestion du service publique de l’eau a été reprise aux entreprises privées en municipalisant la distribution de l’eau. Les services assurent la production, le transport, la distribution et le contrôle de la qualité de l’eau. En France, la régie publique la plus importante assure de la source robinet, l’alimentation en eau potable de 3 000 000 d’usagers au quotidien. Paris a la chance d’avoir un système d’alimentation en eau qui est très résilient. Il repose sur une double alimentation, 50% de l’eau vient de nappe souterraine et 50% du reste de l’eau provient d’autres surfaces prélevées dans la Seine et la Marne. Avec ces sources d’approvisionnement qui sont variées, Paris bénéficie d’une véritable résilience face aux risques de pluie et celles de sécheresse. Pour protéger la qualité de l’eau, Paris a mis en place un système d’aide agricole direct aux agriculteurs qui a été approuvé et validé par la commission européenne. Près de 50.000 euros sont investis, financé à 80% par l’agence de l’eau et 20% par la facture d’eau des Parisiens.
Intervention de clôture du Maire de Paris
« Le changement climatique percute nos villes partout sur la planète. Ce n’est pas un sujet théorique à venir. Ce ne sont pas des sujets qu’on invente par soucis ou par devoir d’anticipation parce que c’est aussi le rôle des dirigeants de prévoir, d’anticiper tout en s’entourant des scientifiques. Les initiatives et les plaidoyers des jeunes activistes à l’endroit des représentants de l’AIMF sont extrêmement importants et sont considérés comme des traités de non-prolifération. C’est une initiative qui porte des méthodes pour aller vers autre chose. Il faut une coordination entre le monde francophone et anglo-saxon pour faire avancer les choses et porter loin les solutions proposées. Il faut faire et faire savoir. Beaucoup d’actions seraient plus efficaces si le soutien et les financements qui coulent à flot sur la planète allaient au bon endroit, c’est-à-dire accompagner les questions qui ont été posées ici. Pour faire face à la question des zones désertiques comme le Sahel sur lequel on doit avoir aussi un travail particulier, il vaut mieux se regrouper, porter cela et faire savoir ce qui se fait et le faire savoir c’est utiliser tous les moyens pour le faire à travers les réseaux sociaux des villes, des comptes personnels, des activistes, etc… Il est donc important de faire savoir tout ce qui a été dit lors de cette COP des villes, d’utiliser tous les moyens pour y arriver. Il est indispensable aussi de savoir que les villes veulent prendre part à la gouvernance mondiale, ce multilatéralisme indispensable sur les questions de climat. Faire savoir c’est avoir travaillé comme au cours de cette COP des villes et à porter ce plaidoyer lors de la prochaine conférence des parties qui se tiendra en novembre prochain. Cela nécessite beaucoup d’efforts mais avec le courage, l’énergie et la volonté c’est plus que possible. L’implication des jeunes dans les prises de décision de l’AIMF et la coopération entre les pouvoirs centraux et les Maires à tous les niveaux et échelles seraient un atout pour la prise en compte des plaidoyers et la préservation de la planète. Les pouvoirs centraux ne doivent pas vivre les Maires comme des contres pouvoirs, mais vraiment comme des pouvoirs qui sont indispensables pour accompagner les politiques qui permettront aux populations de mieux vivre.
by FSK