Une nouvelle législature pour le renforcement de la décentralisation.

Editorial de Franck S. KINNINVO

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Si la deuxième législature a été celle qui a examiné et adopté les lois essentielles sur la décentralisation, celle de 2019-2023 sera celle de la réforme de la décentralisation. Dès 2006, trois ans après la décentralisation, les différents acteurs ont commencé par exprimer la nécessité de réformer la décentralisation. Revoir le mécanisme de la destitution, renforcer la démocratie locale, renforcer le transfert des compétences et des ressources, réorganiser la participation citoyenne et permettre aux différents acteurs de s’identifier comme tels afin de jouer pleinement leur partition, sans oublier la tutelle déjà trop pesante, surtout avec un certain Barthélémy Déguénon comme Préfet du Zou, ou encore Barnabé Dassigli à Cotonou, sans oublier Zourkarnéyni Toungouh à Parakou qui menaient la vie dure aux différents maires de ces départements, notamment Nicéphore Soglo, Rachidi Gbadamassi… Les lois de la deuxième ont été éprouvées par les acteurs sur le terrain et leur cri de détresse a été entendu par le Président Talon qui a ordonné la relecture des textes afin de donner un Code Général des Collectivités Territoriales aux communes du Bénin, mais également à l’ensemble des acteurs.

Il est vrai que le Ministère en charge de la décentralisation conduira de façon inclusive le processus de relecture afin d’y inclure les attentes de tous les acteurs. Mais trois défis restent des objectifs majeurs à atteindre.

La décentralisation est d’abord et avant tout une réforme de l’Etat à l’aune du principe de subsidiarité. Comment peut-on espérer aboutir à une vraie décentralisation si le gouvernement continue de fonctionner de la même manière, tout comme les préfets et les services déconcentrés de l’Etat ? Un Code Générale des Collectivités Territoriales (CGCT) doit d’abord et avant tout régler cette situation. Le nouveau rôle de l’Etat doit transparaître dans le CGCT. Le seuil minimum des transferts de ressources vers les communes devra faire l’objet d’une précision chirurgicale.

Deuxièmement, il faut faire de la commune un représentant de l’Etat, l’institution à la base qui centralise les politiques publiques du territoire et les ordonnance suivant des règles de démocratie et de transparence. Dans ce cadre, il faut renforcer le maire sans pour autant affaiblir le conseil communal ou municipal, reconnaitre le citoyen comme acteur majeur de la vie locale, sans oublier les autres acteurs de la vie locale comme la société civile et surtout le secteur privé. Le CGCT doit clarifier le rôle de chaque acteur et surtout indiquer les modalités de promotion de la démocratie locale et du développement à la base. Le code général des collectivités territoriales devra également promouvoir l’intercommunalité et le développement régional.

Enfin, et nous l’observons dans la plupart des grandes démocraties essoufflées ces dernières années, il faut réinventer une nouvelle citoyenneté basée sur le patriotisme, la culture de la démocratie et des valeurs républicaines. C’est dans les communes qu’il faut formater un nouveau type de Béninois, vertueux et imbu des valeurs républicaines et de la morale. Le chantier est vaste et exaltant, à moins que l’Etat ne se contente d’un saupoudrage qui ne règlera en rien les attentes des acteurs de la décentralisation.

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