Promotion de l’économie locale : ACMA2 un levier de croissance de la production locale dans les communes des départements du Zou et des Collines
La phase 2 du programme Approche Communale pour le Marché Agricole (ACMA 2) fait depuis 2017, à travers formations thématiques, séances de sensibilisation diverses et accompagnements financiers, une variété d’interventions qui ont boosté en cinq ans l’économie locale dans les communes bénéficiaires, avec effet immédiat à long terme sur la santé des caisses communales. Dans le Zou et les Collines ce sont les acteurs des pôles d’entreprises agricoles (PEA), manioc, maïs et soja, ciblés, qui font l’objet du présent travail réalisé en vue de révéler l’accroissement des revenus des acteurs grâce aux actions de ACMA 2.
ACMA 2 a solidifié la base de ses interventions en amont
Dans le souci de sécuriser les gros investissements réalisés dans les départements du Zou et des Collines, ACMA2 a fait de nombreux préalables qui ont permis de disposer d’acteurs aguerris, capables de faire atteindre les objectifs du Programme. Ainsi selon les acteurs des différents pôles d’entreprises, il y a eu des formations sur place à l’endroit des acteurs ciblés.
Noël Donamèto, chef du village de Monsourou à Djidja et rapporteur du dispositif communal de maïs mis en place par ACMA2, a témoigné que les producteurs de maïs de Djidja ont bénéficié de nombreux renforcements de capacités relatifs aux méthodes culturales grâce auxquelles les productions se sont accrues en un temps record. « Nous sommes passés de sept sacs à trois tonnes de récolte à l’hectare, les recettes de fin de saison ont flambé » témoigne M. Donamèto.
Agathe Capo-chichi, transformatrice et productrice de manioc à Savalou, a apprécié l’encadrement préalable de ACMA2 aux différents acteurs.
Grâce au système de production améliorée introduit par ACMA2, les producteurs de Savalou sont passés de 25 tonnes à 35 tonnes de manioc récolté, témoigne M. Capo-chichi avant d’ajouter que les formations et autres renforcements de capacités préalables de la part de ACMA2 ont aussi touché un nombre important d’acteurs notamment les transformateurs et leurs assistants. « Les femmes membres des groupements de fabrication de gari ont reçu des formations sur des notions d’hygiène mais aussi économiques devant leur permettre de mieux présenter leurs produits et de gérer sainement leurs revenus« , a notifié Mme Capo-chichi,
Selon le point focal de ACMA2 à la mairie de Savalou, des emballages ont été conçus et fournis aux femmes en vue de régler les difficultés liées à la qualité de la présentation et la promotion du gari ».
A Ouinhi les femmes du groupement Mèdjlo, spécialisées dans la transformation du manioc n’ont pas sauté pieds joints dans le système d’accompagnement de ACMA2. Elles ont témoigné avoir bénéficié d’une série de formations et de sensibilisations en amont comme le témoigne madame Elisabeth Akpéyékpo, responsable du groupement.
Selon cette transformatrice dans l’agroalimentaire, après être retenues par le programme les femmes de Mèdjlo ont bénéficié d’une série de formations. Elles ont ensuite été amenées à formaliser leur existence.
Toujours à Ouinhi, Marcellin Affissou, en sa qualité de producteur de maïs, a apporté un témoignage selon lequel ACMA2 n’a pas fait dans la dentelle à Ouinhi. De nombreux producteurs ont été organisés en comité de producteurs avant de suivre des formations appropriées pouvant leur permettre de gérer au mieux l’accompagnement qui leur sera fait.
Dans la commune de Bohicon où les acteurs du pôle d’entreprise agricole maïs ont aussi bénéficié des interventions du programme, il y a eu une préparation à la base selon les indications de Oscar Amoussou de l’ATDA (Agence territoriale de développement agricole) qui précise que ces interventions sont de plusieurs ordres. Dans un premier temps, il y a eu comme partout ailleurs dans les zones d’intervention de ACMA2, des formations précises à l’endroit de chacun des acteurs de la chaîne de production.
C’est ainsi que les producteurs de Bohicon organisés à travers l’Union communale des producteurs de maïs, ont été formés aux méthodes culturales améliorées en vue d’accroître leurs rendements. Cette formation a également pris en compte la cible des commerçants.
Des réalisations concrètes pour appliquer les notions acquises
Au profit des acteurs du PEA manioc, un parc à gari d’une valeur de 150 millions de F CFA a été réalisé à Savalou, les femmes du groupement Mèdjlo se sont vu réaliser une unité pilote de transformation de manioc d’un coût global de 21.022.506 de F CFA. Dans les filières du soja et du maïs, des PEA ont obtenu d’importants investissements dans les départements du Zou et des Collines.
A Savalou, un magasin de stockage de soja et de maïs de 200 tonnes a été construit à 90 millions de F CFA alors que les acteurs de ces pôles économiques ont bénéficié d’un magasin de 200 tonnes à Magoumi pour le soja et un autre de 200 tonnes à Aklampa pour le maïs, dans la commune de Glazoué pour un financement global de 133.153.315 de nos francs.
A Bohicon dans le Zou, c’est un magasin de type moderne d’une capacité de mille tonnes qui a été réalisé au profit du PEA maïs. L’infrastructure a coûté 251.650.888 F CFA. A Ouinhi, le PEA maïs a été dotés d’un magasin de stockage d’une capacité de 500 tonnes à un coût global de 133.628.668 F.
Selon les spécialistes, ces infrastructures ont été réalisées à l’issue d’une étude approfondie ayant révélé des besoins concrets et avérés. Ensuite, des dispositifs ont été mis en place pour organiser les acteurs en groupes solidaires et laborieux.
Le cas de Savalou sur le parc à gari est assez édifiant. Sous la houlette de ACMA2 et avec le regard technique du Groupement intercommunal des Collines (GIC), un spécialiste a été recruté pour gérer le parc. Des séances de sensibilisation et d’organisation interne ont précédé la mise en fonction du centre. Un comité dénommé comité multi acteurs a été mis en place pour être le répondant de tous les usagers du centre auprès du gérant, de la mairie et du programme ACMA2 éventuellement.
Lueur d’espoir à travers les acquis et les perspectives
Les différents magasins construits par ACMA2 au profit des PEA dans le Zou et les Collines ont favorisé selon les acteurs, l’accès au marché à travers la vente groupée couplée avec le warrantage. Les acteurs (les producteurs surtout) ne bradent plus leurs produits. Ils les conservent et les revendent, au moment du déstockage, à un prix qui leur permet de réaliser des bénéfices pour les activités de la nouvelle saison.
Sans les magasins ils manqueraient de lieux de stockage pour contourner l’humidité. Sans les magasins ils seraient contraints de brader les produits pour des revenus dérisoires.
Dans la commune de Ouinhi Elisabeth Akpéyékpo, présidente du groupement Mèdjlo, affirme que, « grâce à la construction de l’unité pilote de transformation de manioc, les activités du groupement ont changé d’envergure. Il y a de l’espace pour conserver le manioc, le peler et le presser. Nous avons des foyers modernes pour préparer le gari. C’est une avancée« . Selon madame Akpéyékpo. « Les contraintes liées à l’espace nous ont fait enregistrer beaucoup de perte de temps et de bénéfice. Les infrastructures réalisées par ACMA2 sont donc assez judicieuses », poursuit la présidente de Akpéyékpo, avant d’ajouter que le Programme ne s’est pas arrêté en si bon chemin. ACMA2 a recherché et ouvert pour le groupement Mèdjlo, les marchés nationaux et internationaux à travers sa participation régulière aux grandes foires nationales et l’exportation du gari au Nigeria sous toutes ses formes. C’est une aubaine qui a induit un changement automatique, indique la responsable de Mèdjlo. A titre illustratif elle reconnait que, « de deux à trois tonnes de manioc transformé, avant l’accompagnement de ACMA2, les femmes de Mèdjlo en sont désormais à quinze ou vingt tonnes de manioc transformé par mois » en gari ordinaire, amélioré à l’ananas, à l’orange, au coco, à l’huile rouge mais aussi comme farine pour la pâte alimentaire.
Leurs revenus s’en trouvent naturellement améliorés.
Toujours dans la commune de Ouinhi, Mme Pauline Fadonougbo, responsable du groupement Soédja, et membre d’une coopérative de ACMA2 a dit aussi tout le bien qu’elle pense de ce Programme grâce à qui, les membres de son groupement ont eu accès au marché d’écoulement de leurs produits.
Mme Fadonougbo fait du gari ordinaire et amélioré. « Ce que ACMA2 a amélioré pour Soédja c’est l’accroissement de la clientèle à travers un marketing offensif ayant permis de toucher et de desservir le marché nigérian surtout », a-t-témoigné. La présidente de ce groupement reconnaît que la possibilité de livrer les produits en gros avec une certaine fréquence a changé la dimension de leurs activités et accru les revenus des membres qui peuvent reconnaître mieux jouir du fruit de leurs efforts actuellement que par le passé.
Elle témoigne être passée de moins d’une tonne à trois tonnes de gari amélioré vendu par mois au Nigeria, et dans les villes du Bénin, Bohicon, Abomey, Cotonou et sur les différentes foires sur lesquelles ACMA2 négocie la participation pour les acteurs qu’il accompagne.
Elle retient entre autres que « ce qui fait la différence c’est le travail abattu par ACMA2 sur la présentation des produits et la recherche et l’orientation des produits sur les marchés ». Nous n’aurions jamais atteint nos chiffres actuels en termes de revenus sans les interventions du programme tant sur sa phase 1 que sur la deuxième, ajoute Mme Fadonougbo.
Les élus locaux, étroitement associés, accompagnent le processus en vue de la pérennisation des acquis
Dans la perspective de voir les nombreux investissements financiers et techniques déployés se pérenniser, le Programme a travaillé de commun accord avec les pouvoirs locaux dans chacune des localités bénéficiaires. Les élus locaux ont visiblement accepté la main tendue de ACMA2 et s’investissent totalement pour que les initiatives portent et conduisent effectivement à l’autonomisation des acteurs des pôles d’entreprise agricole concernés.
Le cas de la mairie de Savalou sur le parc à gari est assez évocateur de la disponibilité et la détermination des collectivités locales sur cette voie de promotion de l’économie locale.
Le maire Dèlidji Houindo a mobilisé ses techniciens pour lever tous les obstacles et rendre fonctionnel le centre.
Ainsi il a initié et présidé des réunions avec l’ensemble des acteurs de la chaîne de production du gari en vue de les orienter tous vers le parc (leur seul et unique marché désormais).
L’autorité communale a reconnu que l’initiative est d’un grand intérêt pour la commune en termes de visibilité mais aussi en termes de développement local. Des taxes et impôts seront perçus plus facilement sur place avec un seul agent déployé sur le parc. Le maire de Savalou considère ce parc à gari comme un incubateur d’emplois et de revenus qu’il faut encadrer et amener à atteindre tous les objectifs.
Le chef du service de développement économique de la mairie de Savalou Roger Ahossi, estime pour sa part qu’à travers cette réalisation ACMA2 trace une voie sûre d’autonomisation des acteurs du pôle d’entreprise agricole manioc aussi bien de Savalou que de la sous-région, vue la proximité du Togo et du Nigeria qui peuvent pratiquer le marché.
Si le soja n’a pas encore donné de signaux concrets, le succès des séances de sensibilisation en cours en attendant le démarrage de la saison et des activités en dit long sur le lendemain meilleur qui attend le magasin de stockage de Lèma (Savalou) et de Magoumi (Glazoué).
Et c’est la présidente du comité multi acteurs du parc à gari qui apporte meilleure réponse à la préoccupation de savoir si, à travers l’accompagnement de ACMA2, les revenus des PEA s’accroissent, lorsqu’elle déclare que « le programme approche communal de marché agricole, ACMA, phase deux, a planté, partout dans nos communes, des arbres pour la postérité, et n’a pas vécu inutile ».
Si la décentralisation reste un concours entre communes, la pérennisation des acquis laissés par ACMA2 serait un moyen sûr pour les communes de prétendre à une place sur le podium des vainqueurs de cette compétition.